L'utilisation de l'azote pour l'exécution des condamnés à mort aux États-Unis dénoncée par les Nations unies
Les États-Unis, où l'on applique encore la peine de mort dans une vingtaine d'États, sont également le seul pays au monde à utiliser de l'azote pour exécuter les condamnés. Cette méthode, relativement nouvelle, sera utilisée lors de la prochaine exécution, prévue pour jeudi 6 février 2025.
Demetrius Terrence Frazier a été condamné à mort en 1996 pour le viol et le meurtre d'une adolescente en Alabama quatre ans plus tôt. Jusqu'ici, l'Alabama est le seul État à avoir pratiqué les exécutions à l'azote pur, bien que l'Oklahoma et le Mississippi autorisent également cette méthode. La première exécution de ce type a eu lieu en janvier 2024, suivie de deux autres. Celle de Demetrius Terrence Frazier sera donc la quatrième. Un masque lui sera placé sur le visage, et il ne pourra respirer que de l'azote, un gaz inodore et incolore présent à 78% dans l'air, mais sans oxygène. En résumé, il finira par étouffer. D'après les précédentes exécutions, il devrait être déclaré mort environ 20 minutes après le début de la procédure. Les autorités de l'Alabama affirment que cette méthode est la moins douloureuse et la plus humaine disponible.
Cependant, cette méthode est critiquée. Des témoins des exécutions précédentes, notamment des journalistes, ont rapporté que les condamnés ont montré des signes clairs de détresse pendant l'exécution. Le premier homme exécuté de cette manière a tremblé et convulsé pendant plusieurs minutes. Les autorités affirment que ces gestes peuvent être simulés ou involontaires et ne prouvent rien. Les Nations unies ont mis en garde contre le risque d'une mort humiliante et douloureuse. L'Union américaine des libertés civiques, une ONG, a indiqué que des scientifiques avaient étudié cette méthode pour l'euthanasie des animaux et l'avaient rejetée. De plus, le conseiller spirituel d'un des trois condamnés exécutés avait dû signer une décharge acceptant le risque d'être exposé au gaz. Les avocats de Demetrius Terrence Frazier ont présenté ces arguments pour tenter de repousser l'exécution du jeudi 6 février 2025, mais la juge en charge de l'affaire a refusé. Selon elle, les précédents ne montrent pas une agitation psychologique liée à la méthode elle-même, mais plutôt à la peur logique d'être exécuté.
L'azote, une alternative aux méthodes d'exécution contestées
Pourquoi alors utiliser l'azote ? Parce que les autres méthodes sont également très critiquées. Au début des années 2010, des laboratoires ont interdit l'utilisation de leurs produits dans des exécutions. Les exécutions par injection, qui ont débuté en 1982 au Texas, sont donc de moins en moins pratiquées. Et quand elles le sont, comme en 2022 en Alabama, elles peuvent poser des problèmes. Par exemple, les personnes chargées de l'exécution ont dû tenter plusieurs fois de trouver une veine avant de renoncer.
Le condamné a finalement été exécuté l'an dernier par de l'azote pur. Certains États ont élaboré leurs propres produits, mais leur efficacité reste contestée. La Caroline du Sud a même réintroduit le peloton d'exécution. Aujourd'hui, les États-Unis ont réduit le nombre d'exécutions : d'une centaine en 1999, elles sont passées à une trentaine par an. Trois quarts des États américains ne pratiquent plus la peine de mort, même si elle n'a pas été abrogée, comme en Californie, où 600 personnes attendent toujours dans le couloir de la mort.