L'Ukraine accuse la Russie d'avoir frappé l'arche de la centrale de Tchernobyl avec un drone
Une attaque de drone russe a causé des dégâts à l'arche protégeant le réacteur accidenté de la centrale nucléaire de Tchernobyl, a déclaré vendredi 14 février le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"La nuit dernière, un drone d'attaque russe équipé d'une ogive hautement explosive a frappé l'enceinte protégeant le monde des radiations du réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl", a-t-il affirmé sur X, ajoutant qu'un incendie avait été "éteint" et que "le niveau des radiations n'a pas augmenté".

En pleine effervescence diplomatique autour de la guerre en Ukraine, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sans démentir spécifiquement cette attaque, a assuré que l'armée russe ne visait pas les installations nucléaires.
"Je ne dispose pas d'informations précises. Ce que je sais, c'est qu'il ne peut être question de frappe contre telles ou telles infrastructures nucléaires (...), les militaires russes ne font pas ça", a-t-il martelé.
L'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) a raconté sur X que son équipe sur place avait entendu "une explosion provenant de l'arche de confinement" et avoir été informée qu'il s'agissait d'un drone.
"Sous contrôle"
"À l'heure actuelle, la situation est sous contrôle", a expliqué aux journalistes Grygoriï Ichtchenko, à la tête de l'agence qui gère la zone d'exclusion de Tchernobyl.

Andriï Danyk, le chef du service ukrainien des situations d'urgence, a de son côté souligné que des "mesures de nature militaire" avaient été prises pour sécuriser le site, sans vouloir fournir davantage de détails.
De Munich, Volodymyr Zelensky a quant à lui déclaré que cette attaque était un "salut très clair" de Vladimir Poutine, qui, selon lui, "ne veut pas la paix".
La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a fait la même analyse en arrivant à la conférence sur la sécurité de Munich. "La guerre continue. Aujourd'hui, nous avons vu que la Russie bombarde la centrale nucléaire, ce qui montre clairement qu'elle ne veut pas la paix", a-t-elle affirmé à la presse, jugeant que les Européens "doivent rester fermes et réaliser ce qui est en jeu".
La structure métallique touchée, inaugurée en 2019, recouvre le réacteur qui a explosé en avril 1986, le pire accident nucléaire de l'Histoire, et protège un premier sarcophage construit par les Soviétiques et les débris radioactifs qui s'y trouvent.

Volodymyr Zelensky a diffusé des images du site, en particulier une vidéo montrant l'explosion et l'incendie. La déflagration sur ces images a eu lieu à 2 h 02 (0 h 02 GMT).
Sur une des photos, on distingue un trou dans la grande enveloppe métallique et des traces de suie. Sur des images prises dans les combles de la structure, on peut voir des tôles déchirées et des équipements endommagés.
Centrale occupée
L'arche, installée en 2016 puis officiellement mise en service en 2019 après des années de travaux financés par la communauté internationale, recouvre le sarcophage originel construit pour recouvrir le réacteur accidenté et ses débris.
Des soldats russes ont occupé, au début de l'invasion il y a trois ans, le site de la centrale, nourrissant les craintes de fuites radioactives ou d'un nouvel accident.
Les troupes russes s'en sont retirées fin mars 2022 après l'échec de leur assaut contre la capitale ukrainienne Kiev, qui est à moins de cent kilomètres à vol d'oiseau de Tchernobyl.
En mars 2022, la Russie a aussi pris la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, située dans le sud de l'Ukraine.
Depuis, Russes et Ukrainiens s'accusent régulièrement de raids de drones et de tirs d'artillerie sur le territoire de la centrale, qui se trouve toujours sous occupation russe.
Mercredi, ils se sont encore mutuellement imputé la responsabilité d'attaques ayant empêché la rotation du personnel de l'AIEA présent à la centrale de Zaporijjia.
Avec AFP