Vote de confiance : la crise politique en France est suivie de très près par la Banque centrale européenne

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, se dit "préoccupée". L'ancienne ministre de l'Économie est toujours très prudente, car le moindre de ses mots est analysé par les marchés financiers. Mais sa déclaration, lundi 1er septembre, sur Radio Classique, est lourde de sens de la part de celle qui pilote la haute institution européenne basée à Francfort, elle qui fait la pluie et le beau temps, notamment sur les taux d’intérêt. Dans ses radars, se trouve la date du lundi 8 septembre. Le Premier ministre François Bayrou a fixé, ce moment, pour organiser à l’Assemblée nationale un vote de confiance sur sa politique. Les députés seront appelés à se prononcer pour ou contre.

Interrogée sur une éventuelle chute de l’actuel gouvernement français, Christine Lagarde parle d’un risque majeur pour l’ensemble de la zone euro. "Tous les risques de chute de gouvernement dans tous les pays de l’Eurogroup sont préoccupants", dit-elle. Depuis six ans qu’elle est à la tête de la BCE, la dirigeante constate que les développements politiques ont un impact évident sur l’économie, et sur l’appréciation par les marchés financiers de ce que l’on appelle ‘’le risque pays’’, c’est-à-dire la capacité des États souverains à rembourser leur dette.

Le spectre d'une dégradation de la note par Fitch

Cette déclaration est d’autant plus importante à quelques jours de la nouvelle appréciation donnée par l’agence de notation Fitch, le 12 septembre. Le calendrier de ce mois de septembre est assez particulier avec un vote de confiance le 8, un appel à la grève générale le 10 et le 12, l'apothéose avec cette annonce de Fitch qui, si elle juge la France en mauvaise posture, est capable de dégrader notre note, ce qui ferait s’envoler les taux d’intérêt et donc le coût de remboursement de notre dette déjà abyssal. La France n’a vraiment pas besoin de cela.

Certains vont même jusqu’à parler d’une reprise en main de la gestion des affaires publiques de la France par le Fonds Monétaire International (FMI). Le risque est-il réel ? Christine Lagarde n’y croit pas une seule seconde. Pas de mise sous tutelle en vue. La dirigeante sait de quoi elle parle car, avant de diriger la BCE à Francfort, elle était justement directrice générale de ce fameux FMI basé à Washington. Elle rapelle que le Fonds monétaire intervient lorsqu’un pays ne peut plus faire face à ses obligations. Ce qui, dit-elle, n’est pas le cas de la France. L'affaire est-elle réglée pour autant ? Non, bien sûr. Mais la sortie de la grande argentière européenne sur un média français sonne clairement comme un appel lancé à nos partis politiques de bien réfléchir avant d'appuyer sur le bouton rouge lundi prochain.