Quel soutien à l'Ukraine ? Quelle défense européenne ? Le "8h30 franceinfo" de Christophe Gomart
Le général Christophe Gomart, ancien directeur du renseignement militaire et eurodéputé LR, était l'invité du "8h30 franceinfo", dimanche 2 mars 2025. Il répondait aux questions de François Geffrier et Antoine Comte.
"L'Europe doit se réveiller"
Une quinzaine de dirigeants alliés de l'Ukraine se réunissent ce dimanche à Londres pour imaginer de nouvelles garanties de sécurité en Europe face aux craintes de retrait de parapluie militaire et nucléaire américain."L'Europe doit se réveiller" martèle le général Christophe Gomart. Après la vive altercation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky vendredi, "il y a une prise d'initiative", a salué l'eurodéputé.
Selon Downing Street, les discussions à Londres vont porter sur "le renforcement de la position de l'Ukraine, aujourd'hui, y compris un soutien militaire continu et une pression économique accrue sur la Russie". Le Premier ministre britannique Keir Starmer compte également insister sur "la nécessité pour l’Europe de jouer son rôle en matière de défense et d’intensifier ses efforts pour le bien de la sécurité collective". "L'Europe a été dans un déni depuis 75 ans, l'Europe a pensé aux protectorats américains depuis 75 ans", souligne Christophe Gomart. "Sans la Grande-Bretagne - seule puissance nucléaire européenne avec la France, - il ne peut pas y avoir de défense de l'Europe". L'ancien directeur du renseignement militaire ajoute que, par ce sommet, Londres "revient dans le jeu européen".
"Si on montre sa force, on devient crédible"
"Je pense que cette défense de l'Europe peut s'appuyer sur la Grande-Bretagne, sur la France, sur l'Allemagne, sur la Pologne, sur ces pays qui effectivement, concrètement, veulent être en mesure de se défendre", a expliqué le général. "Si on montre sa force, on devient crédible. Or, ce n'est pas le cas aujourd'hui de l'Europe, malheureusement", a-t-il poursuivi. Pour l'ancien directeur du renseignement militaire, la France et les pays européens doivent significativement augmenter leurs budgets consacrés à la défense. "Il y a un 'gap' de 500 milliards" avec le budget militaire américain, a-t-il déploré. "Les États-Unis dépensent environ 880 milliards de dollars par an pour leur défense" quand "on arrive à 350 milliards d'euros" pour les pays européens, selon lui.
"La France a une défense crédible", a-t-il souligné. Pour l'ancien patron du renseignement militaire, si la France dispose de la dissuasion nucléaire et a "des tas de capacités", elle "manque de crédibilité" à cause de son endettement. "Il va falloir faire des économies quelque part si on veut dépenser plus", a-t-il pointé. "On a descendu en capacité militaire depuis des années et c'est là où il doit y avoir un véritable réveil stratégique de l'Europe et de la France en particulier", a-t-il jugé.
Interrogé sur le débat relancé par Emmanuel Macron à propos d'une dissuasion nucléaire européenne, le général Christophe Gomart a estimé qu'il s'agit "de créer une architecture de sécurité pour l'Union européenne, pour l'Europe". Le président français Emmanuel Macron s'est dit prêt vendredi à "ouvrir la discussion" sur une éventuelle future dissuasion nucléaire européenne, mais "cette arme nucléaire doit rester française", a-t-il assuré. "Les seuls qui soient totalement indépendants en matière nucléaire, ce sont les Français", a-t-il expliqué. "Donc oui, dans une nouvelle architecture de sécurité et de défense pour l'Europe, pour la défense de l'Europe, il est nécessaire de réfléchir effectivement". "À la fin des fins, c'est le chef des armées, le président de la République française qui restera le dernier décideur, le dernier à appuyer sur le bouton", a-t-il abondé.