«La clé, c’est d’avoir des troupes en Ukraine», assure Emmanuel Macron. Ce samedi 10 mai, le chef d’État français est parti à la rencontre du président ukrainien Volodymyr Zelensky, du premier ministre britannique Keir Starmer, ainsi que le chancelier allemand Friedrich Merz et le premier ministre polonais Donald Tusk, à Kiev. Après plusieurs heures de discussion, les dirigeants ont convenu de proposer un accord de cessez-le-feu «complet et inconditionnel» pour une durée de 30 jours, à partir de ce lundi. Dans la foulée, le Kremlin a affirmé qu’il allait y «réfléchir».
Une proposition mûrement réfléchie depuis plusieurs jours pour venir en aide à l’Ukraine. Quelques heures plus tôt, dans le train qui le menait à Kiev, le président de la République française s’est confié auprès de nos confrères du Parisien pour revenir sur les enjeux de cette rencontre et tenter de convaincre la Russie. «Il y a des nouvelles pistes, des nouvelles logiques», a indiqué Emmanuel Macron. Parmi elles, selon nos confrères, de nouvelles sanctions sur le pétrole et le système bancaire russes, auxquelles réfléchissent des experts et politiques à Bruxelles et à Washington, pourraient être, par exemple, envisagées. «Il ne faut pas minorer l’impact qu’ont eu les sanctions, cet impact existe même si elles ont été contournées par certains acteurs, il faut se méfier de beaucoup d’idées reçues», a précisé le président de la République.
Pour autant, le chef de l’État sait que la situation peut rester tendue. «Nous préparons les voies et moyens d’avoir une armée ukrainienne qui puisse résister à de nouveaux assauts et les dissuader», a indiqué le président de la République au quotidien. Il précise aussi travailler sur la «présence» et la «signature stratégique des pays partenaires». «C’est la discussion que nous continuons d’avoir, il y a eu plusieurs échanges entre nos chefs d’état-major britannique, français, ukrainien, qui ont coordonné le travail avec tous leurs partenaires, tout ça se précise et avance.»
«Il faut garder les Américains engagés avec nous»
Pour Emmanuel Macron, l’urgence est de renforcer les troupes en Ukraine. «Il faut comprendre que la crédibilité ne passe pas par la masse. La plus grande armée d’Europe aujourd’hui c’est l’Ukraine, un million de combattants, avec la mobilisation. Aucune autre armée ne pourra avoir une telle masse. La clé, c’est d’avoir des troupes en Ukraine.»
Si l’Europe s’est affirmée auprès de l’Ukraine et face à la Russie ces dernières heures, Emmanuel Macron assure que l’objectif n’est toutefois pas d’agir sans les États-Unis. «Il faut garder les Américains engagés avec nous. C’est bon pour nous et c’est bon pour les Américains. Bon pour nous parce que nous devons construire cette autonomie stratégique. Ce n’est pas confrontationnel avec les Américains, ils veulent s’occuper d’abord d’eux, de leur obsession chinoise, qu’on prenne plus notre part du fardeau. Et c’est bon pour les Américains : quelle serait la crédibilité d’une administration américaine qui aurait laissé l’Ukraine à la main de la Russie quand elle parle de Taïwan ? »