Nouvelle-Calédonie : "Il faut apaiser par le dialogue", préconise Manuel Valls avant sa visite à Nouméa
"Il faut apaiser par le dialogue" pour rétablir la confiance entre Paris et Nouméa, a déclaré Manuel Valls, lundi 17 février, sur franceinfo, alors qu'il se rend samedi en Nouvelle-Calédonie pour sa première visite en tant que ministre des Outre-mer.
Manuel Valls dit se situer "dans la continuité de Michel Rocard et de Lionel Jospin et des accords de Matignon et de Nouméa qui avaient permis près de 30 ans de paix et aussi de développement". Le ministre n'oublie pas que "nous sommes toujours dans un processus de décolonisation".
"Près de 30 000 Calédoniens sont au chômage"
Après deux semaines d'échanges à Paris avec les élus loyalistes et indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls souhaite avant tout "apaiser", répète-t-il, avant de parler d'avenir politique sur l'archipel. En mai dernier, une insurrection, causée par un projet de loi visant à élargir le corps électoral calédonien, a fait 14 morts et plus de deux milliards d'euros de dégâts matériels. "Ça n'était pas arrivé depuis 1988 et donc il faut apaiser par le dialogue", préconise Manuel Valls.
"Près de 20% du produit intérieur brut de la Nouvelle-Calédonie a été saccagé par les émeutes. Il y a près de 30 000 Calédoniens qui sont au chômage", chiffre-t-il. "L'État aide beaucoup la Nouvelle-Calédonie, le gouvernement, le Congrès, les provinces et les communes pour se reconstruire", assure le ministre. Selon ce dernier, l'aide doit être dédiée "aux entreprises, à la reconstruction des écoles, à la filière nickel qui va très mal et qui est pourtant tout à fait stratégique".
Les accords de Nouméa "aujourd'hui s'imposent"
Concernant la politique à Nouméa, Manuel Valls souhaite "trouver un chemin" et rappeler l'importance "des accords de Nouméa" qui "aujourd'hui s'imposent". "Il y a une unité de la Nouvelle-Calédonie qui doit être préservée", appelle le ministre. Les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie sont prévues en novembre. Elles devaient se tenir avant la mi-décembre 2024, mais elles ont été reportées en novembre par le gouvernement de Michel Barnier, afin "d'apaiser la situation", avait justifié le ministre des Outre-mer d'alors, François-Noël Buffet.
Son successeur ne souhaite pas aujourd'hui parler d'élargissement du corps électoral, "sans parler de réforme globale". Manuel Valls souhaite d'abord "parcourir le territoire, les provinces, rencontrer les acteurs économiques, rencontrer aussi la société calédonienne et puis discuter évidemment avec tous les partenaires politiques", avant de se prononcer sur cette question qui est à l'origine des violences de mai 2024.
Le ministre des Outre-mer appelle aussi à être "attentif" sur "les ingérences de prédateurs économiques", citant celle de la Chine dans le Pacifique, mais il y a aussi "l'ingérence permanente". Cette fois-ci, Manuel Valls pointe du doigt la Russie qui, "à travers l'Azerbaïdjan, intervient, cherche à déstabiliser Mayotte, les Antilles, la Guyane, la Nouvelle-Calédonie". Pas question en revanche pour le ministre français de "comparer" le travail d'influence des États-Unis avec celui de la Chine ou de la Russie, "il n'y a pas d'élément", dit-il.