Nouvelle-Calédonie : Manuel Valls "n'a aujourd'hui plus de légitimité à mener des discussions", estime la non-indépendantiste Virginie Ruffenach

Manuel Valls "n'a aujourd'hui plus de légitimité à mener des discussions", estime mardi 13 mai sur France Inter Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement au Congrès de la Nouvelle-Calédonie (affilié aux Républicains et non-indépendantiste), un an jour pour jour après le début des émeutes du 13 mai 2024.

La semaine dernière, les discussions entre indépendantistes et non-indépendantistes sur l'avenir institutionnel du territoire, sous l'égide du ministre des Outre-mer, n'ont abouti à aucun accord, ni sur le corps électoral, ni sur le processus d'autodétermination. "On considère qu'il [Manuel Valls] n'a aujourd'hui plus de légitimité à mener des discussions après ce qu'il vient de se passer. On en appelle à d'autres interlocuteurs d'État pour nous traiter", estime Virginie Ruffenach, qui a participé aux discussions ces dernières semaines pour les non-indépendantistes.

Le ministre a commis "une faute politique majeure". "Nous sommes dans une situation sociale et économique dramatique après les émeutes violentes qui ont touché la Nouvelle-Calédonie" et "nous avons besoin que quelqu'un s'occupe enfin de nous réellement et nous considérons que l'appareil d'État doit se réorganiser pour traiter la Nouvelle-Calédonie".

"C'est vraiment étouffer la voix du peuple"

Le projet présenté par le gouvernement prévoyait la création d'une double nationalité (française et calédonienne) et d'un statut international de la Nouvelle-Calédonie, ainsi qu'un transfert des compétences régaliennes. Ce projet a suscité l'indignation des non-indépendantistes. "En vrai, ce statut ça s'appelle l'indépendance, c'est-à-dire que la Nouvelle-Calédonie serait un nouvel État, dénonce la présidente du groupe Rassemblement au congrès de la Nouvelle-Calédonie. C'est vraiment étouffer la voix du peuple parce que les Calédoniens ont majoritairement choisi de ne pas être indépendants et que la Nouvelle-Calédonie reste au sein de la République française."

Trois référendums d'autodétermination ont eu lieu en 2018, 2020 et 2021 et se sont soldés par une victoire du "non". Le dernier, en 2021, avait été boycotté par les indépendantistes, laissant le processus sans issue claire et conduisant aux émeutes de mai 2024, qui ont fait 14 morts et plus de deux milliards d'euros de dégâts, sur fond de crise économique aiguë.