Édito. Mission sauvetage pour Manuel Valls en Nouvelle Calédonie
En Nouvelle-Calédonie, Manuel Valls, ministre des Outre-mer espère, mardi 19 août, sauver l’accord de Bougival rejeté la semaine dernière par le FLNKS, un parti indépendantiste. Sur le Caillou, chaque déplacement est celui de la dernière chance, chaque réunion est celle de la dernière chance. C'est l'archétype du dossier bourbier aux ramifications tentaculaires avec une société divisée au milieu d'une crise économique, sociale et politique. L'histoire calédonienne regorge de tragédies et de bains de sang avec encore pas moins de 14 morts lors des émeutes, il y a un an et demi.
La Nouvelle-Calédonie est encore dans l’impasse, malgré trois référendums sur l’indépendance qui ont tous plébiscité le lien avec la France et la République. Le dernier, c'est vrai, a été boycotté par les indépendantistes qui demandaient son report en raison du Covid.
Emmanuel Macron saluait bien un accord "historique" mi-juillet, peut-être un peu trop vite, même si, sur le papier, le deal, supervisé par l’Élysée, avait de quoi réjouir le président de la République. Il comprenait un État calédonien avec des compétences sur la monnaie, la justice, la sécurité, mais dans l’État français. Une nationalité calédonienne adossée à la nationalité française. Alors qu’ils l’avaient signé dans un premier temps, les indépendantistes du FLNKS rejettent maintenant cet accord. Les militants sur le terrain craignent que ce ne soit qu’une collectivité de plus, ils ont mis la pression, avec un accueil glacial sur le Caillou. Le discours s’est durci.
Convaincre les indépendantistes de reprendre les discussions
Comment s’en sortir ? C’est l’éternel mystère du dossier calédonien. Rien ne se passe comme ailleurs. Manuel Valls espère pourtant ramener les indépendantistes à la table des négociations. Il est prêt à un geste symbolique : recevoir, à son retour à Paris, leur leader Christian Téin, tout juste sorti de prison. Mais si l’accord de Bougival ne survit pas, la spirale risque d’être terrible et pourrait être marquée par l' arrêt des investissements, la fermeture des usines de nickel, la destruction d’emplois et le retour à la case départ. La Nouvelle-Calédonie est une poudrière.
Dans ce dossier, Manuel Valls joue le plus gros. Un échec serait le sien, avant d’être celui d’Emmanuel Macron. Lui, l’ancien Premier ministre revanchard, nommé aux Outre-mer en décembre 2024. Les négociations de Bougival lui ont redonné voix au chapitre, lui permettant de retrouver une légitimité et de la crédibilité, après la traversée du désert. Manuel Valls a été tellement moqué jusqu’à en être ringardisé après ses défaites à la primaire socialiste, à la mairie de Barcelone, aux législatives.
Le chemin du Caillou est semé d’embûches. Il y a à peine plus d’un mois, l’accord était sous-titré : "faisons le pari de la confiance". À quelques heures de l’arrivée du ministre, elle est rompue avec lui aussi, encore une fois.