Edito. "FB Direct" : avec quelques dizaines de milliers de vues, la première vidéo de François Bayrou youtubeur affiche un résultat modeste
À 74 ans, le Premier ministre entame donc une carrière de youtubeur. Mais ce n'est pas lui manquer de respect que de dire que cette carrière risque bien de pas être couronnée de succès. Sa première vidéo, mise en ligne mardi 5 août à 17 heures, à grand renfort de communication politique, n’avait été vue le lendemain matin que par près de 40 000 personnes, soit à peu près la ville de Compiègne dans l’Oise, c’est-à-dire 50 fois moins, au bas mot, que celle d’un youtubeur à succès comme Cyprien ou Squeezie.
Si François Bayrou a choisi un moyen de communication décalé par rapport à la télévision ou à la radio, il ne respecte dans cette vidéo aucun code des réseaux sociaux. Sur la forme, il apparaît en chemise cravate sur fond d’une bibliothèque. Sur le fond, il ne livre rien de personnel, il ne donne aucune information nouvelle et se contente de développer, en dramatisant encore un peu plus, la situation financière de la France, ce qu’il avait déjà longuement exposé dans son discours du 15 juillet dernier.
S’adresser directement aux Français
Le choix de ce mode de communication est donc étrange, d’autant qu’il intervient en plein été. On peut l'expliquer par trois raisons. D’abord, sur les réseaux sociaux, le risque est minime. Si ça ne fonctionne pas, il suffira d’arrêter discrètement. Les politiques français ont d’ailleurs régulièrement fait des entrées avortées sur les plateformes : en 2021, par exemple, Gabriel Attal avait lancé sa propre émission sur Twitch, il l’a abandonnée après le premier numéro.
On trouve une deuxième raison dans le titre de cette série de vidéos, qui s’appelle "FB Direct". Il y a chez les politiques l'irrésistible envie de s’adresser directement aux Français, en contournant le filtre des médias traditionnels et les questions des journalistes. Enfin, quand on choisit les réseaux sociaux, l’objectif est toujours de toucher les jeunes. Mais là, pour les raisons citées plus haut, il n'est pas certain que la cible soit atteinte.
Des politiques à la peine pour toucher les jeunes
Ce qui est frappant globalement, c'est que les politiques français ont plutôt du mal avec les réseaux sociaux. Chez beaucoup de nos voisins européens, comme en Italie, mais aussi en Pologne, en Hongrie ou en Roumanie, aujourd’hui, la politique se fait exclusivement sur les réseaux sociaux, et en particulier sur le réseau chinois TikTok, très prisé des populistes et des extrêmes droites européennes.
En France, à part Emmanuel Macron, avec plus de 5 millions d’abonnés ou Jordan Bardella, 2 millions de followers, et loin derrière, Raphaël Glucksmann, Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, tous les autres ont du mal à percer. Et ce n’est pas faute d’essayer. Rendez-vous donc à la fin de l’été, pour voir si François Bayrou est parvenu à entrer dans ce monde des réseaux sociaux, un véritable "graal" pour les politiques français.