Dépenses militaires : l'Otan "très proche" d’un accord sur l'objectif des 5 % du PIB fixé par Trump
Pete Hegseth a affiché son contentement. L'Alliance atlantique est "très proche" d'un accord pour dépenser beaucoup plus pour sa sécurité, s'est félicité jeudi 5 juin le ministre américain de la Défense, venu en mission au siège de l'organisation à Bruxelles pour convaincre ses alliés européens de la nécessité de ne plus dépendre des États-Unis.
"La raison pour laquelle je suis ici est de m'assurer que tous les pays de l'Otan comprennent que (...) chaque pays doit contribuer à hauteur de 5 %", a martelé l'ancien journaliste de Fox News, à trois semaines d'un sommet de l'Otan qui doit en décider.
Le président américain Donald Trump exige des alliés européens et du Canada qu'ils s'engagent à consacrer au moins 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) à leur défense, sous peine de ne plus garantir leur sécurité. Et l'objectif semble en voie d'être atteint, a assuré Pete Hegseth devant quelques journalistes.
"De la France à l'Allemagne, aux pays Baltes, aux pays nordiques, à la Pologne, à la Grèce, à la Hongrie, et tant d'autres, l'engagement est là : 5 % de dépenses de défense", a-t-il encore affirmé. Un engagement qu'il juge indispensable au moment où Washington réclame des Européens qu'ils prennent leur sécurité en mains.
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"Il ne peut s'agir de dépendre de l'Amérique"
"Notre message restera clair. Il s'agit de la dissuasion et de la paix par la force, mais pas de la dépendance. Il ne peut s'agir et ne s'agira pas de dépendre de l'Amérique dans un monde où les menaces sont nombreuses", a ainsi averti le ministre américain.
Inquiet d'un éventuel désengagement américain de leur continent, et face à la menace russe, les Européens se disent prêts à augmenter leurs dépenses militaires. Mais tous n'affichent pas la même volonté.

"Il y a quelques pays qui ne sont pas encore tout à fait là. Je ne citerai aucun nom, nous ne le faisons pas entre amis dans cette salle. Nous les y amènerons", a assuré sur ce point Pete Hegseth.
Plusieurs pays de l'Otan, dont l'Espagne, la Belgique ou l'Italie, peinent déjà à atteindre l'objectif de 2 % fixé il y a plus de dix ans lors d'un précédent sommet de l'Alliance. Moins sensibles à la menace russe, ils rechignent à s'engager sur des pourcentages aussi élevés.
La ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, a toutefois assuré jeudi que Madrid n'opposerait pas de veto à cette hausse sans précédent, même si l'Espagne continue à s'opposer aux pourcentages réclamés par Donald Trump.
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Le calcul de Mark Rutte
Pour assurer le succès du sommet de La Haye, le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte a proposé un chiffre global de 5 %, mais sous la forme d'une addition de deux types de dépenses.
Il a confirmé jeudi vouloir porter le niveau des dépenses militaires stricto sensu à 3,5 % du PIB d'ici 2032, et dans le même temps de porter à 1,5 % du PIB toutes celles liées à la sécurité, au sens large, comme la protection aux frontières, la mobilité militaire ou encore la cybersécurité.
Cet objectif apparaît plus facilement atteignable dans la mesure où il concerne des dépenses duales, civiles et militaires, déjà engagées ou prévues par les États.
L'objectif de 3,5 % correspond, lui, au financement des capacités indispensables pour assurer la défense de l'Otan au cours des prochaines années, au moment où la Russie ne cesse de renforcer son armée.
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Et en dépensant 5 % de leur PIB pour leur sécurité, les Alliés augmenteront de 30 % leurs capacités à se défendre, a assuré un responsable militaire de l'Otan.
"Nous vivons dans un monde plus dangereux", a averti Mark Rutte devant la presse, à l'issue de cette réunion. Et si l'Otan ne fait rien, elle ne sera plus en sécurité, a-t-il mis en garde. Mais "je suis persuadé que nous y arriverons", a-t-il insisté.
Pete Hegseth, absent mercredi lors d'une session de travail avec l'Ukraine, n'a pas attendu la fin de cette réunion, et a quitté l'Otan jeudi en fin de matinée. Il a également renoncé à participer au déjeuner de travail prévu avec ses collègues de l'Alliance et son homologue ukrainien Roustem Oumerov.
Avec AFP