Sommet Asie-Pacifique : Xi Jinping pressent "une nouvelle période de turbulences"
Le président chinois Xi Jinping a averti, vendredi 15 novembre, que le monde entrait dans une ère "de turbulence". Son homologue américain, Joe Biden, annonçait de son côté "un moment de changement politique important" au sommet des pays du Pacifique, placé à Lima dans l'ombre de la réélection de Donald Trump.
Xi, qui doit rencontrer samedi Joe Biden dans la capitale péruvienne, "a mis en garde contre la montée de l'unilatéralisme et du protectionnisme" et averti d'une hausse de "la fragmentation de l'économie mondiale", dans un discours écrit, cité par l'agence de presse Chine nouvelle.
Le monde est "entré dans une nouvelle période de turbulences et de transformation", a-t-il ajouté dans ce discours diffusé lors du sommet.
La président américain, qui rencontrait les dirigeants du Japon et de la Corée du Sud, deux alliés clés en Asie, a de son côté estimé que le monde fait face "a un moment de changement politique important".
Le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol a appelé, quant à lui, à une plus grande coopération avec Pékin sur "la paix et la stabilité régionales", après avoir rencontré Xi Jinping en personne pour la première fois en deux ans, a rapporté l'agence de presse Yonhap.
Escalade rhétorique et militaire
La Chine est un allié clé de la Corée du Nord, avec laquelle Séoul reste techniquement en guerre et dont le dirigeant Kim Jong-un s'est engagé dans une escalade rhétorique et militaire cette année.
Les dirigeants des deux superpuissances chinoise et américaine participent au sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), qui rassemble jusqu'à samedi 21 pays réalisant 60 % du PIB mondial.
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Leur tête-à-tête samedi sera crucial, tant les relations entre les deux pays ont été tendues ces dernières années, en raison de différends commerciaux, mais aussi du statut de Taïwan, de questions relatives aux droits humains et de la rivalité technologique.
La rencontre, au dernier jour du sommet, sera la troisième entre les deux présidents, et la deuxième en un peu plus d'un an. Tous deux se rendront ensuite au G20 au Brésil.
Le mandat de Joe Biden a été marqué par de fortes tensions avec Pékin mais aussi par le maintien, tant bien que mal, du dialogue bilatéral.
"Ouvrir encore plus" la Chine
Mais le démocrate de 81 ans laissera les commandes en janvier au républicain Donald Trump, qui a déjà nommé dans son équipe des tenants d'une ligne dure face à Pékin, et fait craindre de nouvelles guerres commerciales avec la Chine.
Pendant sa campagne, Donald Trump a promis de protéger l'industrie américaine, menaçant d'imposer des droits de douane de 10 à 20 % sur tous les produits importés et même de 60 % pour ceux provenant de Chine.
Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait profondément perturbé les relations économiques avec la Chine en lançant une guerre commerciale pour forcer Pékin à acheter des produits américains et rééquilibrer une balance commerciale déficitaire.
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Vendredi, Xi Jinping s'est engagé à poursuivre des politiques de libéralisation économique qui "ouvriraient encore plus la porte (de la Chine) au monde".
Le sommet de l'Apec s'est ouvert vendredi avec une réunion informelle entre chefs d'État et de gouvernement en l'absence du président chinois, arrivé jeudi dans la capitale péruvienne comme son homologue américain et d'autres dirigeants, dont le président chilien, Gabriel Boric, et le Premier ministre canadien, Justin Trudeau.
"Il est essentiel de renforcer la coopération économique entre les économies de l'Apec", a plaidé la présidente péruvienne, Dina Boluarte, estimant que l'association pouvait renforcer "la coopération multilatérale dans un contexte où les différents défis auxquels nous sommes confrontés augmentent les niveaux d'incertitude pour l'avenir".
L'Apec vise depuis 1989 à promouvoir la croissance économique, la coopération et les investissements dans la région du Pacifique. Parmi ses membres on trouve également le Japon, la Corée du Sud, l'Indonésie, l'Australie, le Mexique et la Russie.
Plus de 13 000 policiers ont été déployés dans la capitale de 10 millions d'habitants pour renforcer la sécurité pendant le sommet.
Avec AFP