Audiovisuel public : les salariés annoncent une grève illimitée et demandent la suspension de Rachida Dati
La holding de Rachida Dati, et son comportement, inquiètent vivement les salariés de l’audiovisuel public, que leurs syndicats appellent à une grève illimitée, à Radio France à partir du 26 juin, et à France Télévisions à partir du 30 juin, date du début de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi. La ministre de la Culture est aussi personnellement mise en cause, la CGT de France Télévision demande qu’elle soit débarquée après sa tentative d’intimidation contre le journaliste Patrick Cohen, le 18 juin dernier.
Les six syndicats de Radio France (CFDT, CGT, FO, SNJ, Sud et Unsa) « démarrent dès le 26, parce qu’on a des revendications qui visent aussi différents projets de notre direction, et pas seulement le gouvernement et la holding », explique Lionel Thompson, responsable syndical du SNJ-CGT. Les organisations syndicales visent notamment « un étranglement budgétaire » qui conduit à « des projets erratiques et les restructurations dévastatrices », comme la suppression de Mouv’, des menaces sur France Musique, et un « réseau de radios locales dénaturé », où « l’identité des locales disparaît ».
Dans la foulée, notent-ils, « salaires, droits et œuvres sociales sont attaqués ». Dans ce cadre, le « retour du projet de loi sur la fusion de l’audiovisuel public » est un « montage bureaucratique et politique » qui « menace gravement l’indépendance de Radio France, sa mission de service public et l’existence même de certaines antennes ». « Sous prétexte de réforme, c’est une déstabilisation et un affaiblissement organisés », assènent-ils, dont ils craignent que la radio publique soit la grande sacrifiée.
« On nage en pleine confusion politique »
À France Télévisions, le préavis court à partir du 30 juin. « Y a-t-il encore une majorité pour cette loi qui change à chaque fois qu’elle revient à l’Assemblée ? Projet de holding en juin 2024, processus holding-fusion en novembre 2024, holding exécutive en avril 2025. Et maintenant ? Cela est la preuve d’un bricolage au service d’une seule chose : l’ambition personnelle d’une ministre, à mille lieues des intérêts des entreprises de l’Audiovisuel Public et de ses salarié·es », protestent les syndicats CGT, CFDT, FO, SNJ et SUD dans un communiqué. En évoquant la note confidentielle de Bercy révélée par l’Humanité, le syndicat dénonce « un projet dont l’unique but est de réaliser des économies ».
La note confidentielle du ministère des Finances qui annonce vouloir mettre en place une fusion afin de réaliser de grosses économies sur le dos des personnels en est une preuve supplémentaire. La proposition de loi va-t-elle être amendée en ce sens ? On nage en pleine confusion politique, « les syndicats appellent à réfléchir et construire les médias de l’audiovisuel public autrement » dans un débat démocratique transparent associant pleinement les salarié.e.s et leurs représentant.e.s, afin qu’ils soient « pluralistes, indépendants et dotés de moyens pérennes ».
Ils réclament des « garanties sur l’indépendance éditoriale et le pluralisme de l’information, la préservation des effectifs, des accords collectifs et l’amélioration des conditions de travail, l’arrêt des politiques d’externalisation des programmes, de précarisation et de sous-traitance et la préservation des outils de travail ». Ils demandent enfin que « France Télévisions, employeur, assume pleinement ses obligations légales de protection de la santé et de la sécurité des salarié·es ».
« Rachida Dati avait déjà lancé à Élise Lucet un ” ma pauvre fille, votre carrière est pathétique ” »
Dans un second communiqué, la CGT de France Télévisions s’emporte contre la façon dont Rachida Dati s’est emportée et a menacé le journaliste Patrick Cohen, dans l’émission C à Vous de France 5 du 18 juin dernier. « Ce dérapage n’a rien d’un accident », s’inquiète le syndicat, qui rappelle que « Rachida Dati avait déjà par le passé lancé à Élise Lucet un « ma pauvre fille, votre carrière est pathétique » et diffamée les journalistes de Complément d’Enquête en les traitant de voyous et en les accusant de monnayer leurs interviews, sans la moindre preuve ».
« Ses méthodes sont connues et relèvent d’une dérive trumpiste : intimidation, discrédit, menaces à peine voilées. Qu’importent les faits, qu’importent les preuves. Quand elle est difficulté, elle cogne. C’est tout ce qu’elle sait faire », s’agace le syndicat. Il rappelle que l’examen de loi s’est interrompu à la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale après que la ministre de la Culture a malmené une fonctionnaire. « Et malgré tout cela, c’est elle qui tient entre les mains l’avenir de l’audiovisuel public ? », s’interroge-t-il, appelant « solennellement François Bayrou, et le président de la République, Emmanuel Macron, à retirer Rachida Dati de la gestion de l’audiovisuel public ».
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