Pierre Mouchel est secrétaire général du SNRT-CGT. Délégué central CGT de France Télévisions, cet ingénieur du son de 55 ans a négocié les droits des salariés dans un contexte difficile, de 2009 à 2013, lorsqu’il a été décidé de mutualiser les moyens des chaînes publiques. Il dresse un état des lieux inquiétant.
Rachida Dati nous vend une « BBC à la française », soit dans l’imaginaire collectif un gage d’excellence. Quelle réponse vous inspire cette comparaison ?
« Une BBC à la française, why not ? », écrivions-nous dans un communiqué. Mais, en termes de budget, la BBC, c’est 6 milliards d’euros. L’audiovisuel public allemand, 8 milliards d’euros. En France, il représente 4 milliards d’euros. Mais nos audiences, en revanche, sont supérieures à ce qui existe ailleurs : on frise les 30 % d’audience à la télévision, et on connaît le succès des antennes de Radio France. Le fruit de notre histoire, c’est une diversité de médias, de France 2 à France 5, les différentes antennes de Radio France et de France Médias Monde : la première chaîne française dans le monde, c’est TV5, avec 65 millions de téléspectateurs.
Le projet de holding va toucher à cette diversité. On en a déjà les prémices avec les rapprochements de France 3 et France Bleu. L’objectif, c’est de rationaliser. Pour le moment, ça avance plutôt à bas bruit. Le risque d’une holding, c’est l’impact social. Dans la proposition de loi présentée à la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale, le PDG de la holding aurait la possibilité de créer des filiales. Ce qui signifierait socialement le transfert des personnels des entités Radio France et France Télévisions, en l’occurrence ICI et Franceinfo, vers ces filiales.
Avec quelles conséquences pour les salariés ?...