Comment sauver l’audiovisuel public ?

L’examen du projet de holding, porté par la proposition de loi du sénateur UDI Laurent Lafon, a été suspendu le 11 avril à l’Assemblée nationale et reporté sine die. Dénommée France Médias, la holding regrouperait Radio France, France Télévisions et l’INA.

Soutenue bec et ongles par la ministre de la Culture Rachida Dati, elle « sauverait le service public face aux groupes privés et aux plateformes ». Peu y croient, comme l’attestent les grèves largement suivies contre cette réforme.

L’audiovisuel public engrange de bonnes audiences. Que vise alors le projet de fusion de Rachida Dati ?

Sophie Taillé-Polian

Députée Génération.s, membre de la commission Culture à l’Assemblée nationale

On assiste depuis 2017 à une politique d’affaiblissement de l’audiovisuel public, en matière budgétaire principalement, puis par la suppression de la redevance. Ce qui est souhaité par ce projet, c’est une politique de mutualisation pour faire des économies.

Christian Delporte

Historien des médias

Outre les raisons d’économie budgétaire, il s’agit clairement d’une opération politique. Quand il y a un regroupement, on contrôle mieux ce que l’on a regroupé. C’est un peu ce qui s’est passé avec l’ORTF. Le pouvoir politique ne s’est jamais remis de la volonté d’indépendance du service public, qu’il veut contrôler plus étroitement, surtout quand on arrive dans une période électorale.

Lionel Thomson

Journaliste à France Inter et syndicaliste

Avec cette réforme, ils prétendent vouloir nous rendre plus fort. Certes, nous avons à faire face à la concurrence de plus en plus vive des plateformes numériques et des nouveaux modes d’information. Mais le service public n’est pas si mauvais que ça pour aller chercher les jeunes et les publics populaires. À Radio France, on fait plutôt mieux que nos concurrents des radios privées. On continue à se développer avec des budgets de plus en plus maigres et en taillant par ailleurs dans ce qui est notre cœur de métier, à savoir les moyens de production. C’est un peu le pire de l’ORTF qui revient : une direction unique qui serait plus sensible encore aux pressions politiques, à un moment où l’extrême droite est aux portes du pouvoir.

Pierre Mouchel

Secrétaire général du SNRT-CGT, France Télévisions

Il y...