Sous les regards de plus de 100 journalistes et professionnels de l’audiovisuel public, une auditrice s’avance, visiblement émue. « Je vous remercie sincèrement pour votre travail et pour votre combat », déclare-t-elle, la voix tremblante, avant que la foule ne l’acclame. Un témoignage spontané qui illustre l’inquiétude et l’attachement des citoyens à leurs médias de service public, mis à mal par une réforme perçue comme une menace.
Ce mardi 1er avril, avant que l’examen de la proposition de loi portée par le sénateur Laurent Lafon (UDI) et défendue par la ministre de la Culture Rachida Dati en commission des affaires culturelles ne soit interrompu, plusieurs centaines de salariés de France Télévisions et Radio France se sont réunis devant l’Assemblée nationale. « Nous sommes là pour défendre un service public fort et indépendant », martèle Lionel Thompson du SNJ-CGT Radio France.
La colère ne faiblit pas
Pour les grévistes, cette réforme, qui prévoit la création d’une holding regroupant les différentes entités de l’audiovisuel public sous une seule présidence, représente un danger majeur. En ce deuxième jour de mobilisation, la colère ne faiblit pas. « Ça n’a pas de sens de nous rassembler parce que nous ne faisons pas le même métier », tonne, de son côté, Julien Fleury, journaliste au sein de la station publique.
Le mouvement de grève a été largement suivi dans les rédactions. Selon Isabelle Perroux (SNJ Radio France), 72 % des journalistes de la rédaction étaient en grève. À France Télévisions, les syndicats évoquent également un taux de mobilisation important, entraînant des perturbations visibles sur les antennes.
« Il y a une véritable prise de conscience collective, reprend avec détermination Isabelle Perroux. Une impression d’injustice prédomine : on a le sentiment qu’ils vont briser un service public déjà fragilisé. » La plupart des syndicats, qui se sont relayés au micro devant l’assistance, insistent sur le fait que cette réforme ne vise pas à renforcer l’audiovisuel public, mais au contraire à le fragiliser davantage, en regroupant sous une seule entité des entreprises aux missions et fonctionnements distincts.
Les inquiétudes se cristallisent autour de la répartition des budgets et du risque d’un renforcement du contrôle politique sur l’audiovisuel public. « ll est beaucoup plus facile de faire pression sur une seule personne que sur plusieurs entreprises indépendantes », alerte la députée écologiste Sophie Taillé-Polian, venue apporter son soutien aux manifestants.
« S’il faut venir dix fois, on viendra »
Dans un entretien au Parisien, Rachida Dati défend pourtant une réforme « indispensable », affirmant qu’elle vise à structurer un groupe public fort pour faire face à la concurrence des médias privés. Mais ses arguments ne convainquent personne.
Le lundi 31 mars, une grande soirée de soutien s’est tenue à la Bourse du Travail à Paris, rassemblant syndicalistes, personnalités politiques, chercheurs et artistes engagés. « L’objectif pur et simple qui se cache derrière ce projet de holding est la destruction du service public », avait dénoncé la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
Face à cette réforme perçue comme une attaque contre le pluralisme et la mission du service public, les syndicats annoncent une poursuite de la mobilisation. Le texte doit être débattu en séance plénière à l’Assemblée nationale le 10 avril, mais les syndicats espèrent encore faire pression pour le faire reculer. « S’il faut venir dix fois, on viendra », promet Lionel Thompson.
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