Retour sur Terre des astronautes de l'ISS : quel impact peut avoir sur leur santé ce séjour de neuf mois dans l'espace ?
Après neuf mois dans l’espace alors qu’ils étaient partis pour huit jours, les deux astronautes américains bloqués dans la Station spatiale internationale devraient revenir sur Terre mardi 18 mars, selon la Nasa. Un nouvel équipage les a rejoints ce week-end, et une question se pose, dans quel état physique se trouveront-ils à leur retour ?
Butch Wilmore, 62 ans, et Suni Williams, 59 ans, ont toujours assuré qu’ils s’adaptaient bien à leur séjour prolongé, mais neuf mois dans l’espace marquent forcément le corps humain. En impesanteur, les muscles sont moins sollicités : ils s’affaiblissent, et le squelette, qui n’a plus besoin de soutenir le corps, devient plus fragile. Six mois en micropesanteur équivalent à près de vingt ans de vieillissement sur Terre en termes de perte osseuse, indiquent les données du Centre national d’études spatiales (Cnes). À cela s’ajoute également l’effet de l’absence de gravité sur le système cardiovasculaire, car le cœur n’a plus à fournir le même effort pour propulser le sang à travers le corps.
Les sens sont aussi perturbés
En orbite, les astronautes ont souvent un odorat diminué, ce qui, paraît-il, est plutôt un avantage dans une station spatiale qui n’est jamais aérée et où l’air ne sent pas toujours le frais. Par ailleurs, l’impesanteur a un effet sur les globes oculaires et affaiblit la vision. Ainsi, certains astronautes ayant une bonne vue sur Terre peuvent parfois avoir besoin de lunettes dans l’ISS. Enfin, plus étonnant encore, le toucher peut être modifié. Dans l’espace, tout flotte, y compris les vêtements autour du corps. Au retour, il faut donc se réhabituer à la sensation de frottement sur la peau.
Combien de temps faut-il pour se remettre d’un séjour prolongé dans l’espace ? "Ça demande du travail", expliquait Thomas Pesquet après son séjour de six mois dans l’ISS. Malgré les deux heures de sport obligatoires chaque jour pour les astronautes en mission, un entraînement physique est nécessaire au retour. Toutefois, certaines séquelles ne sont pas totalement réversibles, comme la perte osseuse. Une étude publiée en 2024 dans la revue Nature indiquait que, lors de courts séjours de quelques jours en orbite, l’organisme pouvait récupérer 95 % de ses capacités trois mois après le retour sur Terre.
Les recherches se poursuivent sur le sujet. La santé de Butch Wilmore et Suni Williams sera donc scrutée de près dans les mois à venir. Nous sommes encore loin de savoir précisément comment le corps humain supporterait, par exemple, un voyage de 18 à 30 mois vers la planète Mars.