Obsédé par l’intelligence artificielle, Mark Zuckerberg se met à rêver d’une « superintelligence » et de l’hégémonie de Meta dans le domaine
Assistera-t-on à la résurgence du MMH (pour Make Mark Happy, « faire plaisir à Mark »), un sigle créé en 2022 par des employés du groupe Meta pour se moquer de la lubie d’alors de leur patron, Mark Zuckerberg ? Le cofondateur de Facebook voyait, à l’époque, dans le métavers – un monde de réalité virtuelle – le futur de l’informatique, d’Internet, et, par ricochet, de la société.
Une stratégie au visage de catastrophe industrielle (mesurée), alors que parallèlement, la valeur boursière du géant du web s’effondrait des milliards de dollars investis dans cette technologie. Le multimilliardaire libertarien a délaissé son jouet pour un nouveau : l’intelligence artificielle (IA). Avec un profit record de 71,5 milliards de dollars (soit 63 milliards d’euros) sur les douze derniers mois, Meta compte accélérer sa course vers l’hégémonie.
Une « nouvelle ère d’émancipation personnelle »
Le multimilliardaire veut regagner du terrain dans la course au graal de la Silicon Valley : la création d’une « superintelligence ». Une technologie dont les capacités cognitives seraient supérieures à celles des humains et qui aurait, selon Mark Zuckerberg, le potentiel « d’ouvrir une nouvelle ère d’émancipation personnelle ».
Reste à savoir si cette « nouvelle ère d’émancipation personnelle » s’inscrira dans sa vision du monde – lui qui s’est converti au trumpisme – entre la louange de l’énergie masculine et la mise à mort de la lutte contre les fausses informations sur ses réseaux sociaux.
Mark Zuckerberg n’hésite ainsi plus à parler de « centaines de milliards de dollars » à investir dans de nouveaux centres de données conçus spécifiquement pour les modèles d’IA générative. L’empire états-unien des réseaux sociaux – le groupe revendique 3,48 milliards d’utilisateurs dispatchés sur Facebook, Instagram, WhatsApp et consorts – a largement dépassé ses attentes avec 47,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires au deuxième trimestre, en croissance de 22 % sur un an, annonce son communiqué de résultats publié mercredi 30 juillet.
Son bénéfice net est ressorti à 18,34 milliards (+ 36 %) sur cette même période. Son action grimpait quant à elle de près de 12 % lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York. « L’entreprise a non seulement résisté à l’instabilité économique de ces derniers mois, mais elle en a peut-être même tiré parti », a réagi Minda Smiley, analyste chez Emarketer, auprès de l’Agence France-Presse.
Si elle est à l’origine d’un climat d’incertitude, la guerre commerciale mondiale déclenchée par Donald Trump a bénéficié à la myriade de milliardaires (Mark Zuckerberg, Elon Musk, Jeff Bezos, etc.) s’étant rangés derrière lui suite à sa réélection.
De même, le procès antitrust du groupe tentaculaire ayant eu lieu ces derniers mois n’a pas eu l’impact redouté par le multimilliardaire. Meta – accusé d’avoir acheté Instagram et WhatsApp, respectivement en 2012 pour un milliard de dollars et en 2014 pour 19 milliards, afin d’étouffer des concurrents potentiels – était alors menacé par une obligation de devoir diviser son empire.
Justifier ses dépenses astronomiques
Le patron de Meta a aussi attribué, dans son communiqué publié le 30 juillet, les performances de sa firme à l’intégration de l’IA dans ses outils publicitaires. Lors de la conférence aux analystes, Mark Zuckerberg a cité l’exemple des capacités de l’IA à recommander des emplacements aux annonceurs, et des contenus aux utilisateurs, qui améliorent, respectivement, le taux de conversion des publicités et le temps passé sur les réseaux.
« Une part significative de nos recettes publicitaires provient désormais de campagnes utilisant l’une de nos fonctionnalités d’IA générative », a-t-il ajouté. Soit une évolution majeure, alors que Meta puise ses revenus sur la revente de données et sur le ciblage publicitaire de ses consommateurs. Le multimilliardaire peut ainsi justifier ses dépenses astronomiques dans l’intelligence artificielle.
Ce qu’a confirmé la directrice financière du groupe, Susan Lee, en annonçant que les investissements de la société allaient « augmenter considérablement » l’année prochaine. Meta a par exemple déboursé 14,3 milliards de dollars pour acquérir 49 % du capital de Scale AI, et débauché son patron milliardaire, Alexander Wang, ainsi que plusieurs employés d’OpenAI, Anthropic et Google, en leur offrant des primes faramineuses. Les ventes des Ray-Ban Meta, dont les montures intègrent micros, caméra et Meta AI, ont quant à elles triplé sur un an.
« En dehors des infrastructures, nous prévoyons que la rémunération des employés sera le deuxième facteur de croissance des dépenses en 2026, avec le recrutement de talents dans les domaines prioritaires », a indiqué l’entreprise dans son communiqué. Mark Zuckerberg espère ainsi rattraper son retard sur l’épouvantail du secteur : OpenAI.
Fort de la notoriété de ChatGPT, devenu le symbole de l’explosion de l’IA grand public, la société dirigée par Sam Altman est la nouvelle cible à abattre, comme l’illustrent les attaques récurrentes d’Elon Musk.
Meta préfère, pour le moment, se concentrer sur l’adoption. Après tout, l’empire du web dispose d’une force de frappe unique. Pour rappel, en juin 2025, 3,48 milliards de personnes dans le monde se connectaient tous les jours sur au moins une de ses plateformes. Or, ces services ont en commun… d’intégrer l’intelligence artificielle maison, Meta AI.
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