Plus de 2 millions de dollars pour des armes… comment Meta a autorisé les campagnes de dons en soutien à l’armée israélienne
L’enquête publiée conjointement par + 972 Magazine et Local Call, jeudi 10 juillet, démontre que l’armée israélienne profite d’un soutien matériel grand public pour se fournir en armes. Les révélations des deux médias indépendants révélaient ainsi que les dons se multipliaient ces derniers mois, tant en Israël qu’aux États-Unis, afin de financer l’achat de drones EVO – disponibles sur Amazon pour quelques milliers d’euros.
Ces derniers sont ensuite modifiés, afin de les rendre utilisables dans un cadre militaire grâce à l’ajout de lanceurs de grenades. « Outre la nourriture et le shampoing, les drones figuraient parmi les articles les plus demandés par les soldats », expliquaient + 972 Magazine et Local Call. Le tout grâce à la multiplication des campagnes de financement participatif… promues sur les plateformes de Meta (Facebook, Instagram, etc.), sans que la multinationale ne réagisse.
Des « armes à feu, munitions, explosifs ou améliorations létales »
C’est ce que révèle l’organisme mondial de protection des consommateurs Ekō. Au total, 117 publicités ont été détectées depuis mars 2025. Ces dernières sollicitaient « explicitement des dons pour du matériel militaire ». Elles sont donc censées entrer en conflit avec les politiques de Meta. Le groupe dirigé par le multimilliardaire Mark Zuckerberg soumet – officiellement – toute publicité portant sur des questions sociales, électorales ou politiques à un processus d’autorisation, tandis que l’éditeur doit inclure une clause de non-responsabilité indiquant qui finance la publicité.
Or, les appels aux dons pour l’armée israélienne ne sont pas conformes, explique Ekō. De même, la politique publicitaire de Meta interdit la majorité des tentatives de don, d’achat, de vente ou de transfert d’« armes à feu, pièces d’armes à feu, munitions, explosifs ou améliorations létales ». Le géant du web n’a cependant pas jugé nécessaire d’agir contre les éditeurs de ces posts de soutien envers l’entreprise génocidaire menée par Tel-Aviv. Ces derniers ont donc pu lancer de nouveaux appels aux dons dans les semaines qui ont suivi la publication de l’enquête d’Ekō.
« Cela montre que Meta est prêt à prendre l’argent de n’importe qui, a fustigé Maen Hammad, militante d’Ekō, auprès du journal britannique The Guardian. Les contrôles et contrepoids que la plateforme devrait mettre en place sont très peu appliqués, et s’ils le sont, ils le feront après coup. » Le groupe états-unien avait par exemple annoncé la suppression de plusieurs dizaines de publicités en réaction à une précédente enquête de Ekō, qui avait signalé 98 publications en décembre 2024.
Des centaines de milliers d’euros de don
Au moins 97 annonces de la dernière campagne – dont beaucoup restent actives – sollicitent des dons pour financer des modèles spécifiques de drones civils. « La plupart de nos drones sont cassés et tombent en ruine, et nous n’avons pas de remplacement, affirme par exemple une publicité pointée par le Guardian. Faites un don maintenant ; chaque seconde compte, chaque drone sauve des vies. »
Ces révélations confirment ainsi les premières informations de par + 972 Magazine et Local Call. Les deux médias d’investigation dévoilaient que l’armée israélienne « a reçu environ 500 000 NIS (environ 128 500 euros, NDLR) de dons utilisés pour acheter des drones », annonçait L., un soldat israélien interrogé dans le cadre de l’enquête.
Ekō pointe, dans son enquête, les publicités de collecte de fonds de Vaad Hatzedaka, qui pointent toutes vers une page de dons répertoriant les différents équipements pour lesquels l’organisation collecte des fonds. L’association à but non lucratif a collecté plus de 250 000 dollars sur son objectif de 300 000, pour fournir ces armes à l’armée israélienne, pointe l’organisme mondial de protection des consommateurs.
Le deuxième éditeur mis en avant par Ekō, Mayer Malik, a réalisé la promotion de sites de parrainage pour divers équipements tactiques. L’auteur-interprète basé en Israël a collecté plus de 2,2 millions de dollars de dons. Selon Ekō, la totalité des publicités repérées ont généré « au moins 76 000 impressions »… rien que dans l’Union européenne (UE) et au Royaume-Uni.
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