MDBA : le fabricant de missiles français continue d’expédier des pièces à Israël pour bombarder Gaza
Tandis que près de 60 000 Palestiniens, dans l’écrasante majorité des civils, ont officiellement péri dans l’entreprise génocidaire menée par l’armée israélienne, les industriels de l’armement s’enrichissent. L’étendue de cette « économie de génocide », comme l’a nommé la rapporteure spéciale sur les territoires palestiniens occupés pour les Nations unies (ONU) Francesca Albanese, reste encore obscure. Les parties prenantes de cette industrie ne cessent ainsi d’être dévoilées, alors que la bande de Gaza est dévastée depuis dix-neuf mois.
The Guardian, Disclose et Follow the money viennent d’apporter une nouvelle pierre à l’édifice. Dans une enquête publiée jeudi 17 juillet, les trois médias révèlent que MBDA, plus important constructeur de missiles en Europe, a vendu des milliers de composants à Israël. Un partenariat qui permet à Tel-Aviv d’enchaîner les bombardements au quotidien. Si « la Grande-Bretagne a suspendu certaines ventes d’armes à Israël, les revenus de la bombe GBU-39 générés par la branche américaine de MBDA transitent par le Royaume-Uni », dévoile ainsi le Guardian.
MDBA a son siège social en France
Le fabricant britannique profite de son usine établie en Alabama, aux États-Unis, pour produire les ailes de la GBU-39, une bombe confectionnée par Boeing, qui, en se déployant après le lancement, permettent de la guider. Or, les revenus tirés de cet accord commercial transitent « de la société américaine MBDA Incorporated transitent par MBDA UK, basée dans le Hertfordshire, en Angleterre, qui reverse ensuite les bénéfices au groupe MBDA, dont le siège social est en France ».
Malgré la documentation en direct du génocide des Palestiniens, MBDA continue donc de s’enrichir sur le dos de milliers de morts. L’entreprise a ainsi distribué près de 350 millions de livres sterling (près de 405 millions d’euros) de dividendes l’année dernière à ses trois actionnaires : BAE Systems (Royaume-Uni), Airbus (France) et Leonardo (Italie).
Interrogé par le Guardian, Disclose et Follow the money, MBDA confirme avoir un contrat en cours avec Boeing, mais affirme être « conforme à toutes les lois nationales et internationales applicables au commerce des armes dans les pays où elle opère… qui ont tous des politiques d’exportation et appliquent des régimes de contrôle des exportations robustes ».
Ces révélations viennent aussi mettre en évidence la faiblesse de la réaction du gouvernement britannique face à la violation des droits de l’homme commise par l’État dirigé par Benyamin Netanyahou. Certes, le ministre des Affaires étrangères, David Lammy, a suspendu plusieurs licences d’exportation d’armes vers Israël en septembre 2024.
Il avait alors invoqué le risque de « violations graves » du droit international humanitaire. Les mesures prises par Londres ne s’appliquent, cependant, qu’aux équipements militaires exportés depuis le territoire du Royaume-Uni. La branche nord-américaine de MBDA peut donc poursuivre son approvisionnement auprès de Boeing, depuis son usine d’Alabama.
Environ 4 800 bombes expédiées depuis fin 2023
Les bombes GBU-39 sont expédiées en Israël dans le cadre du programme d’aide militaire des États-Unis, qui prévoit des subventions et des prêts destinés à l’achat d’armes. Elles sont directement achetées auprès du constructeur Boeing, et également transférées des réserves de l’armée états-uniennes. Environ 4 800 unités ont été expédiées depuis fin 2023. Le dernier envoi, de 2 166 unités, a été annoncé en février 2025, « au moment même où l’ONU rapportait que près de 70 % de Gaza était en ruines », fustigent les trois médias derrière l’enquête.
Lancée depuis les airs par des avions de chasse, la GBU-39 peut détruire un ou deux étages d’un immeuble avec une charge de moins de 113 kg. « Son utilisation a été encouragée par le département d’État américain, notamment sous l’ancien président Joe Biden, car elle était considérée comme préférable aux bombes beaucoup plus lourdes utilisées pour raser Gaza, rappelle le quotidien britannique. Mais dans un espace clos, il crée une boule de feu mortelle. »
The Guardian, Disclose et Follow ont, dans le cadre de leur enquête, vérifié les dégâts causés par vingt-quatre bombardements datant de novembre 2023 à mai de cette année. Ils estiment que le bilan s’élève à plus de 500 morts, dont au moins 100 enfants. « Parmi les attaques vérifiées, seize visaient des écoles », tandis que les autres ont touché « des camps de tentes, des maisons familiales et une mosquée pendant la prière du matin ». Interrogée par le Guardian, l’armée israélienne a refusé de commenter chaque cas, « affirmant ne pas disposer du temps ni des informations nécessaires pour examiner les allégations ». Un temps consacré à la suppression du moindre signe de vie à Gaza.
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