Droits de douane : Donald Trump sort la sulfateuse et instaure des taxes jusqu’à 41 %

Faute d’avoir réussi le tour de force de conclure « 90 deals en 90 jours », comme il l’avait promis, Donald Trump a sorti, ce vendredi 1er août, la sulfateuse. Alors que l’ultimatum a expiré à minuit, le président états-unien a annoncé l’augmentation des droits de douane pour des dizaines de pays.

L’addition va de 10 à 41 % et même 50 % pour le Brésil, puni parce que son système judiciaire poursuit l’ancien président d’extrême droite, Jair Bolsonaro. Cette guerre commerciale à l’échelle quasi mondiale est programmée pour le 7 août prochain à minuit et une minute.

Pour des raisons restent aussi peu claires que lors de la première présentation des taux farfelus le 2 avril dernier dans la roseraie de la Maison-Blanche, certains pays sont frappés très fort. La Syrie, le Laos et Myanmar écopent d’une barrière à l’exportation de 40 à 41 %. La Suisse de près dans ce classement avec 39 %.

Pour une raison en revanche claire comme de l’eau de roche, le Canada, deuxième partenaire économique des États-Unis, se voit infligé d’une taxe de 35 % dès aujourd’hui. La Maison Blanche punit le gouvernement canadien dirigé par le libéral Mark Carney pour avoir annoncé son intention de reconnaître en septembre prochain un État de Palestine.

Dans un virage assumé – utiliser les droits de douane comme arme politique – Donald Trump a imposé une taxe de 25 % à l’Inde, premier exportateur vers les États-Unis de produits pharmaceutiques et électroniques, malgré sa proximité politique avec son premier ministre nationaliste, Narendra Modi.

Il lui est reproché d’avoir acheté du pétrole russe, ce qui n’était pas un problème en février lors de l’humiliation de Volodymyr Zelensky, en février, mais il l’est devenu depuis que Vladimir Poutine entend encore pousser son avantage militaire et diplomatique et ne consent pas à accepter les conditions de Donald Trump.

Quant à la Chine, le plus « gros morceau », il semble qu’un accord de cessez-le-feu commercial ait été trouvé et la résolution des différends reportée à l’automne. Donald Trump avait, dans un premier temps, haussé les « tarifs » à un niveau prohibitif de 145 %.

La riposte de Pékin, fort de sa position de première exportatrice vers les États-Unis (hors Union européenne), fut immédiate : 125 % sur les produits américains, qui représentent 7 % des importations chinoises. Taïwan, en revanche, voit s’élever une barrière de 20 % que le président Lai Ching-te décrit comme « temporaire ». Même si elle ne figure pas au tableau de ce 1er août, la Chine a néanmoins pris position en estimant que le protectionnisme « nuisait aux intérêts de toutes les parties ».

« La Chine s’oppose systématiquement et clairement à l’imposition de ces droits de douane. Il n’y a pas de gagnant dans une guerre des droits de douane ou une guerre commerciale », a déclaré lors d’un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Finalement, peu de pays ont conclu un accord avec les États-Unis. La plus grande victoire de Donald Trump réside dans l’imposition de ses conditions à l’Union européenne, qui représente plus de 20 % du PIB mondial.

Cette reddition a soulevé des haut-le-cœur dans quelques capitales européennes, en premier lieu Paris, mais la suite du processus est encore incertaine : pour devenir un accord en bonne et due forme, la déclaration de principes entre le président états-unien et Ursula von der Leyen, la présidente de la commission, doit être validée à la majorité qualifiée par les États membres.

La Grande-Bretagne est le pays qui s’en sort le moins mal avec une taxe de 10 %. Ce sera 15 % pour le Japon et la Corée du Sud, 19 % pour les Philippines et l’Indonésie et 20 % pour le Vietnam. Ces taxes sont évidemment à sens unique : le principe du deal est qu’aucune taxe ne frappe les biens et services « made in USA ».
Christophe Deroubaix

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