États-Unis : faute d’accord, la hausse des droits de douane s’appliquera à partir du 1er août, une nouvelle étape dans la guerre commerciale
Manier la carotte et le bâton, alterner menaces et recul de la date de l’ultimatum : Donald Trump et son administration ne cessent de souffler le chaud et le froid. Cela alors que la date fatidique du 9 juillet approche. Initialement, elle marquait le terme de la période de 90 jours imposée par le président états-unien au reste du monde pour négocier un accord bilatéral sur les échanges commerciaux.
Sans quoi les pays se verraient imposer des droits de douane « réciproques » allant de 10 % à 70 %, sans que l’on sache très bien quels critères entrent en ligne de compte pour chaque pays. Désormais, c’est la date du 1er août qui est avancée comme prochaine échéance de cet ultimatum.
De modalités différentes en fonction des partenaires commerciaux
Vendredi 4 juillet, Donald Trump assurait l’envoi le jour même de lettres à une douzaine de partenaires commerciaux pour leur faire état du montant du « tarif réciproque » des droits de douane.
Son secrétaire d’État au Commerce, Scott Bessent, a précisé que ces missives ont pour objet de dire « que s’ils ne font pas avancer les choses, alors le 1er août, ils retourneront, tel un boomerang, au niveau des droits de douane du 2 avril ».
Mais rien n’est clair dans ce calendrier et ces menaces brandies au doigt mouillé. Dimanche 6 juillet, Donald Trump annonçait avoir « signé des lettres – probablement douze – qui partiront lundi », comportant « divers montants d’argent, divers niveaux de droits et des constats assez différents ».
Les États-Unis saluent de « très bons progrès » avec l’Union européenne
L’objectif reste d’abord de contraindre à la négociation bilatérale alors que seuls deux accords ont été annoncés avec le Vietnam et la Grande-Bretagne. L’Inde serait proche d’un accord, de même que l’Indonésie. Scott Bessent a indiqué se concentrer sur les « dix-huit relations commerciales les plus importantes », alors que son président menaçait les pays membres des Brics +, réunis les 6 et 7 juillet à Rio de Janeiro, de 10 % de taxes supplémentaires.
Parmi les deals, le délai supplémentaire pourrait permettre à l’Union européenne (UE) de trouver un accord dans les jours qui viennent. Le secrétaire au Trésor américain parlait dimanche « de très bons progrès » ces dernières semaines. Il louait la stratégie du président Donald Trump qui, une fois « la menace de 50 % de droits de douane » lancée, « dans les heures qui ont suivi, cinq dirigeants européens l’ont appelé et Ursula von der Leyen » également.
À Bruxelles, la présidente de la Commission européenne a confirmé un « bon échange » téléphonique dimanche. C’est Stefan de Keersmaecker, l’un des porte-parole d’Ursula von der Leyen, qui l’a indiqué, lundi, assurant « que des efforts étaient toujours en cours à différents niveaux ».
En 2024, l’excédent commercial de l’UE avec les États-Unis a atteint 50 milliards d’euros. Olof Gill, porte-parole pour les questions commerciales, a confirmé des négociations qui s’accélèrent afin de « conclure un accord et éviter les droits de douane ».
L’unité de l’UE à l’épreuve de la guerre commerciale américaine
Si aucun accord-cadre n’a été défini, le modèle britannique semble être privilégié. Mais certains secteurs continuent de bloquer dont l’automobile. La Commission européenne réclame un allégement immédiat des droits qui s’élèvent actuellement à 29,5 %. Même demande concernant l’acier.
À l’inverse, l’aéronautique, les vins et spiritueux pourraient échapper à une hausse des tarifs. Dans le cas d’une hausse de 20 % au 1er août, l’Union européenne a déjà validé un paquet de contre-mesures qui porte sur 21 milliards d’euros de marchandises américaines. Le président républicain a menacé le bloc européen d’une surtaxe de 50 %, bien supérieure au projet d’avril (20 %).
L’unité des 27 États membres va-t-elle tenir ? L’Allemagne et l’Italie qui sont les principaux exportateurs pourraient privilégier une solution insatisfaisante pour éviter l’escalade. Le président Donald Trump étant le principal décisionnaire sur le sujet, Bruxelles guette sa réaction.
L’UE, entre concession et dépendance face aux exigences de Washington
Après avoir cédé sur une hausse historique des dépenses militaires au sommet de l’Otan (5 % du PIB pour 2025), l’autre argument européen porte sur un marché de 450 millions de personnes avec un pouvoir d’achat important. Au final, la Commission a fait le choix de s’aligner sur un certain nombre de demandes économiques de Washington, plutôt que de jouer sur d’autres relations commerciales avec la Chine, le Japon, les Brics + qui semblent beaucoup plus offensifs.
En Asie de l’Est, la région la plus touchée par le tableau de taxes brandi par Donald Trump le 2 avril dernier, les dirigeants se pressent et se crispent. Le Vietnam, qui compte sur les exportations américaines pour poursuivre son extraordinaire croissance (de 14 milliards de dollars d’exportations en 2015 à 40 actuellement), a conclu un accord – largement à son désavantage.
En plus de devoir ouvrir sans obstacles son marché à Washington, Hanoï se voit imposer non pas les 46 % initialement prévus sur ses produits mais 20 %, ainsi que 40 % sur les marchandises en transit. Ces dernières ciblent implicitement la Chine, qui passe par les accords de libre-échange vietnamiens pour écouler sa production en Occident.
« Les négociations et accords concernés ne devraient pas cibler ou nuire aux intérêts de tiers », a immédiatement réagi l’administration Xi. La Chine a elle aussi signé un accord asymétrique et s’efforce de diversifier ses partenariats. D’où la semaine européenne du ministre des Affaires étrangères Wang Yi, rentré dimanche 6 juillet. Mais les tensions avec l’UE s’exacerbent et les taxes entre les deux puissances se multiplient.
Japon, Corée du Sud : l’Asie veut résister à la pression de Donald Trump
Même les alliés régionaux de Washington se braquent. « Nous ne transigerons pas facilement. C’est pour cela que cela prend du temps et que c’est difficile », a affirmé, ce dimanche, le premier ministre japonais Shigeru Ishiba, qui, dès le 7 février dernier, ployait pourtant le genou devant Donald Trump en lui promettant d’investir 1 000 milliards de dollars et d’importer encore plus de gaz naturel liquéfié.
Pas suffisant pour le républicain, qui menace encore le Japon de « 30 %, 35 %, ou n’importe quel chiffre ». Une bonne leçon pour le président sud-coréen Lee Jae-myung, qui a envoyé cette semaine des représentants à Washington mais ne compte pas céder à toutes les exigences de l’allié américain.
Comme le premier ministre australien, Anthony Albanese, qui voit Washington remettre en cause l’accord de coopération militaire : Aukus. Les trois pays, têtes de pont états-uniennes en Asie-Pacifique, ont exceptionnellement refusé d’assister au dernier sommet de l’Otan. Et Séoul et Canberra tiendront bientôt des rencontres parallèles à Pékin.
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