En Italie, l’échec des référendums sur la naturalisation et le droit du travail instrumentalisés par le gouvernement Meloni

Pour ambitieuse qu’elle fût, la stratégie de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) n’a pas livré les résultats escomptés. Ces 8 et 9 juin, les cinq référendums abrogatifs qui portaient essentiellement sur la précarité au travail, les licenciements abusifs, le recours illégitime aux contrats à durée déterminée et l’abaissement de dix à cinq ans pour l’acquisition de la citoyenneté italienne pour les travailleurs étrangers n’ont pas atteint le quorum de plus de 50 % nécessaire pour être validés.

« Ce n’est pas une victoire », admet le secrétaire général de la CGIL, Maurizio Landini, qui peut toutefois se targuer d’avoir permis à la gauche de reprendre le contact avec un monde du travail fragmenté dans un contexte difficile. Pour le dirigeant syndical, la démarche constitue ainsi « un point de départ important (…). Nous l’avons fait car nous pensons qu’aujourd’hui, protéger le travail et la démocratie relève d’un seul et même problème ».

Un revers cinglant pour les progressistes

Avec une participation de seulement 30,58 %, l’extrême droite au pouvoir, qui avait appelé à l’abstention, pavoise. « Le gouvernement s’est renforcé et l’opposition s’est affaiblie », soutient le ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani. À l’offensive, ce dernier propose la suppression du processus référendaire au prétexte du coût de l’envoi de bulletins de vote à l’étranger qui seraient « revenus blancs ».

Antonio Tajani a également profité de l’occasion pour fissurer un peu plus le front syndical en pointant la stratégie perdante de la CGIL. De son côté, le vice-président du Conseil des ministres et leader de la Ligue, Matteo Salvini, a enfoncé « une gauche qui n’a plus d’idées et de crédibilité et qui n’est même pas capable de mobiliser ses propres électeurs ».

Alors que la question portant sur la citoyenneté n’a recueilli que 56 % d’approbation (contre une moyenne de 72,7 % pour les questions portant sur le travail), Matteo Salvini y voit une confirmation de l’hégémonie culturelle de l’extrême droite. Sans doute, le refus du Mouvement 5 étoiles (M5S) de donner une consigne de vote sur cette question a-t-il pesé dans la balance alors qu’il appelait au oui pour toutes les autres.

La défiance à l’égard des populations étrangères progresse à gauche

Ce résultat laisse également supposer que la méfiance à l’égard des immigrés a gagné une partie des électeurs de gauche. Dans un contexte d’abstention structurelle, le M5S suggère d’abaisser le quorum fixé après-guerre, lorsque la participation caracolait à 92 %. À cela, il faut ajouter les voix de la droite, qui a vu dans ce référendum une campagne anti-Meloni.

L’appel lancé par la gauche aux électeurs de l’autre camp pour défendre le droit du travail, sans égard pour leur préférence politique, a peu ou prou fonctionné, comme en attestent les chiffres de participation dans certaines périphéries urbaines, meilleurs que dans les centres historiques, où les progressistes dominent.

Reste que la défaite de la gauche syndicale et politique va compliquer les futures négociations salariales. Le gouvernement aura alors beau jeu de rappeler qu’une majorité d’Italiens n’approuve pas le projet de société alternatif porté par l’opposition.

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