Au Forum de Saint-Pétersbourg, la Russie apparaît isolée sur la scène économique

Vladimir Poutine va prononcer, vendredi 20 juin, son traditionnel discours de clôture du Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF). Ce rendez-vous, qui existe depuis vingt-huit ans, symbolisait le développement économique et l'ouverture au monde du pays après la chute de l'Union soviétique. Malgré la guerre, les sanctions ou les signes de récession qui arrivent, les dirigeants russes ont tenté depuis mercredi de prouver que leur pays n'était pas isolé, qu'il était toujours attractif.

Il est beaucoup question, dans les allées du Forum de Saint-Pétersbourg, des entreprises occidentales qui ont quitté le pays par milliers il y trois ans. En février, Kirill Dimitriev, l'envoyé spécial de Vladimir Poutine pour les affaires économiques, le promettait : les entreprises américaines étaient sur le point de revenir en Russie, à la faveur du retour de Donald Trump. Il l'affirmait encore jeudi. "Nous œuvrons pour que le dialogue entre la Russie et les États-Unis progresse, a déclaré Kirill Dimitriev. Nous constatons que de nombreuses questions ont été posées concernant les investisseurs américains et les entreprises américaines venues renforcer leur présence sur le marché russe et investir en Russie."

La tendance est au 100% russe

Mais à la sortie de la conférence Russie-USA, interdite aux journalistes, le pourtant très pro-russe Robert Agee, président de la chambre de commerce américaine en Russie, semblait beaucoup plus mesuré : "Les entreprises qui ont quitté le marché réfléchissent à la possibilité d'un retour. Je ne dirais pas qu'il y a une longue file d'attente sur ce sujet actuellement, Mais elles observent et attendent un signal."

Sous couvert d'anonymat, plusieurs experts le confirment : aucune entreprise américaine n'envisage sérieusement de revenir sur un marché aussi risqué que la Russie. D'ailleurs certains dirigeants russes ne font même pas semblant d'y croire, comme le vice-Premier ministre Denis Mantourov, à qui on demandait ce qu'il fallait pour que les entreprises occidentales reviennent : "Qu'elles nous aident à lever les sanctions d'abord, et ensuite on discutera."

Au sommet du pouvoir russe, la tendance est au 100% russe. Le pays doit se développer dans tous les secteurs. Une nécessité car même les grandes entreprises des pays amis – Chine, Inde – étaient absentes cette semaine à Saint-Pétersbourg. Le forum a surtout été un entre-soi russe, un village Potemkine avec peu de délégations étrangères de haut niveau. Un seul chef d'État accompagnera Vladimir Poutine sur scène vendredi après-midi : le président indonésien Prabowo Subianto.