L’influenceur algérien « Doualemn » condamné à cinq mois de prison avec sursis et de nouveau menacé d’expulsion
En deux mois, il est devenu l’un des symboles de la résurgence de la crise diplomatique entre la France et l’Algérie. « Doualemn », un influenceur dont le refoulement par l’Algérie avait envenimé les relations entre Paris et Alger, s’est retrouvé devant une commission d’expulsion, mercredi 5 mars. Composée de trois magistrates, cette dernière a annoncé qu’elle donnera son avis définitif le 12 mars.
La commission s’est réunie à Montpellier « à la demande du préfet de l’Hérault, qui envisage de prendre une mesure d’expulsion du territoire » contre cet homme de 59 ans, Boualem Naman de son nom civil, a expliqué sa présidente lors d’une audience publique. Tout part d’une vidéo que l’influenceur – suivi par près de 140 000 abonnés sur TikTok – a posté le 4 janvier dernier sur son compte.
Une « sévère correction »
Outre la commission d’expulsion, Boualem Naman a été condamné, jeudi 6 mars, à cinq mois de prison avec sursis, suite à son passage devant le tribunal correctionnel de Montpellier, en février, pour « provocation non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit ». Le parquet avait requis une peine de six mois de prison avec sursis.
« Doualemn », qui travaillait en tant qu’agent d’entretien pour un chaîne de salles de sport, appelait dans sa vidéo à infliger une « sévère correction » à un opposant au régime actuel en Algérie. Boualem Naman fait alors rapidement l’objet d’un signalement par le maire socialiste de Montpellier, Michaël Delafosse, et le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, avant d’être interpellé.
Le préfet avait ensuite estimé que ses propos justifiaient le retrait de son titre de séjour et son expulsion immédiate. « Je sollicite un avis favorable à l’expulsion de M. Naman », a appuyé la directrice du bureau des étrangers de la préfecture de l’Hérault. Boualem Naman a ainsi fait partie de la série d’influenceurs visés par les autorités, et notamment le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a investi le conflit avec l’Algérie comme une démonstration de sa politique sécuritaire et autoritaire.
Le locataire de Place Beauvau a pourtant dû revoir ses plans, lorsque Alger a refusé d’accueillir Boualem Naman sur son territoire. Puis, l’arrêté d’expulsion émis par Bruno Retailleau suite à cette déconvenue a été retoqué par le tribunal administratif, le 29 janvier dernier. Tout comme l’obligation de quitter le territoire (OQTF) utilisée en dernier recours, qui a été annulée le 6 février.
« Sincèrement désolé »
La commission d’expulsion s’est finalement réunie mercredi 5 mars pour traiter une seconde procédure entamée par le ministère de l’Intérieur. Interrogé à cette occasion, Boualem Naman a reconnu que ses propos constituaient bien un appel à la violence, tout en minimisant la gravité. Disant s’être « emporté », il a répété être « sincèrement désolé ».
« C’est un dossier monté en épingle pour couvrir un coup politique du ministre de l’Intérieur », Bruno Retailleau, a de son côté plaidé son avocate, Marie David-Bellouard. Pour elle, il serait « totalement disproportionné » qu’une « vidéo de quelques secondes » puisse justifier son expulsion, alors que son titre de séjour a été renouvelé pour dix ans, fin décembre 2024, par la préfecture de l’Hérault.
La commission a néanmoins pointé du doigt ses antécédents avec la justice. Arrivé en France en 1985, Boualem Naman a été condamné à plusieurs reprises pour usage et trafic de stupéfiants entre 1988 et 2005. Trois mains courantes déposées par son ancienne compagne, pour coups, menaces et abandon de domicile, ont aussi refait surface à l’occasion de son audition. Des accusations qui n’ont amené à « aucune procédure judiciaire », a fait valoir Marie David-Bellouard.
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