TÉMOIGNAGE. À Gaza, "tout est bombardé, personne ne sait où aller, personne ne peut travailler", raconte un journaliste gazaoui

"Tout est bombardé, personne ne sait où aller, personne ne peut travailler", témoigne Youssef, fixeur et journaliste gazaoui, au micro de franceinfo mardi 22 juillet. Il collabore régulièrement avec les antennes de Radio France. Sa maison a été bombardée mardi matin par l'armée israélienne. La veille, la société des journalistes (SDJ) de l'Agence France Presse (AFP) a alerté sur l'état de santé de ses reporters sur place, estimant que "sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza vont mourir".

L'armée israélienne a "frappé la maison qui a reçu trois roquettes, tout est cassé dedans", relate Youssef. "On est encerclé, les chars sont tout autour de nous. On ne peut pas sortir", déplore-t-il. "Personne ne peut imaginer de travailler chaque jour pendant deux ans, sans arrêt, personne ne peut faire un planning pour la prochaine heure".

"Le gilet ne protège pas les journalistes à Gaza, au contraire, tu seras une cible, et moi, j'ai jeté mon gilet parce que j'ai vu qu'il ne m'a pas protégé."

Youssef, journaliste à Gaza

à franceinfo

"Tu te lèves le matin, tu cherches de l'eau, tu cherches à boire, à manger, pour aller aux toilettes, tu dois te battre pour avoir de la farine… Ça devient introuvable", raconte le journaliste. "C'est la mort", dénonce-t-il.

"Qui va me protéger ?", interroge-t-il. "Tous les journalistes sont des héros, ils ont laissé leur famille pour aller travailler sans rien, dans des mauvaises conditions, pas de gaz, pas d'essence, rien ! Donnez-nous un peu de repos. Le métier de journaliste normalement, c'est une grande chose, mais pas ici."

Le Quai d'Orsay s'est "saisi de cette question"

Mardi matin sur France Inter, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a demandé au nom de la France "que la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza pour montrer ce qu'il s'y passe et pour en témoigner".

"Nous sommes saisis de cette question", a assuré Jean-Noël Barrot. "Nous avons bon espoir de pouvoir, comme nous l'avons fait à plusieurs reprises dans des conditions extrêmement éprouvantes et exigeantes, faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines. Nous y consacrons beaucoup d'efforts et d'énergie", a ajouté le chef du Quai d'Orsay.

L'attaque du 7 octobre 2023 sur le sol israélien a causé la mort de 1 219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes également enlevées par le Hamas ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Depuis le 7 octobre 2023, les attaques quotidiennes de l'armée israélienne sur la bande de Gaza ont causé la mort d'au moins 58 895 personnes, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.