Cri d'alarme sur le sort des reporters à Gaza : "Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas", insiste le président de la Société des journalistes de l'AFP

"Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas", insiste mardi 22 juillet sur France Inter, Emmanuel Duparcq, président de la Société des journalistes (SDJ) de l'Agence France Presse (AFP). "Sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza vont mourir", a alerté lundi soir la SDJ de l'AFP dans un message très relayé sur les réseaux sociaux.

Depuis le départ forcé de ses équipes habituelles sur place, l'Agence France Presse travaille avec une dizaine de journalistes à Gaza, car depuis près de deux ans, la presse internationale n'a pas le droit d'entrer dans l'enclave palestinienne. Certains ont perdu leurs familles dans les bombardements de l'armée israélienne, et aujourd'hui tous souffrent de la faim, car la famine se généralise dans le territoire. "Plus ça va et moins ils ont accès à l'eau potable, il y a très très peu de choses sur les marchés" ou alors "peut-être un peu de farine, quelques légumes, mais c'est devenu complètement hors de prix", rapporte Emmanuel Duparcq.

Des gens "qui peuvent mourir de faim"

"Ils nous disent 'On n'a plus la force, on n'a plus rien à manger, on n'a même plus la force de se lever pour aller prendre une photo, une vidéo ou interviewer des gens'", poursuit le président de la Société des journalistes de l'AFP. "Voir des collègues tués dans un conflit, c'est arrivé, mais voir des collègues, petit à petit, risquer de mourir de faim, c'est beaucoup plus rare, voire inédit", souligne-t-il.

Face à l'urgence, "quand on sait qu'on s'adresse à des gens qui peuvent mourir de faim, d'un jour à l'autre, d'une semaine à l'autre, on se dit que de toute façon, il faut tout tenter et il faut absolument qu'au moins les responsables politiques concernés aient ce message, agissent en connaissance. Personne ne pourra dire qu'il ne savait pas", explique Emmanuel Duparcq.

Le Quai d'Orsay a "bon espoir" de faire évacuer des journalistes

"Nous sommes saisis de cette question", a assuré sur France Inter Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. "Nous avons bon espoir de pouvoir, comme nous l'avons fait à plusieurs reprises dans des conditions extrêmement éprouvantes et exigeantes, faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines. Nous y consacrons beaucoup d'efforts et d'énergie", a-t-il ajouté.

Entre janvier et avril 2024, "huit salariés de Gaza et leurs familles" ont pu être évacués, précise la direction de l'AFP dans un communiqué. Les mêmes démarches sont entreprises pour ses collaborateurs pigistes. "Leur vie est en danger, aussi exhortons-nous les autorités israéliennes à autoriser leur évacuation immédiate avec leurs familles", écrit la direction de l'Agence France Presse.

Selon Reporters sans frontières, plus de 200 journalistes ont été tués par l’armée israélienne dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023. "Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer", alerte RSF.