Une nouvelle offensive israélienne à Gaza où la famine se généralise

C'est un énième appel qui peine à masquer l'impuissance de la diplomatie. Dans une déclaration conjointe, 25 pays appellent à mettre fin "immédiatement" à la guerre à Gaza, face à "la souffrance des civils qui atteint de nouveaux sommets".

Signée pour l'essentiel par des pays européens, mais aussi par le Japon, l'Australie ou le Canada, la déclaration exhorte également à la libération des derniers otages retenus par le Hamas (il en resterait 49, dont 27 seraient encore en vie). Un communiqué dénoncé par la diplomatie israélienne, sourde à ces appels, et qui a réagi sans ménagement en renvoyant vers la responsabilité du Hamas, alors que les négociations pour un cessez-le-feu sont dans l'impasse.

Une nouvelle opération terrestre

Cette déclaration intervient au moment où l'armée israélienne s'engage dans une nouvelle opération terrestre. Des chars sont entrés pour la première fois dans la zone de Deir al Balah, une ville du centre de l'enclave que ses habitants ont dû évacuer. Un secteur où l'Organisation mondiale de la santé (OMS) assure que ses locaux ont été pris pour cible par l'armée israélienne. Son directeur dénonce "une stratégie de destruction systématique des établissements de santé".

Avec cette nouvelle offensive, Israël maintient sa stratégie de pression maximale sur le Hamas, et cherche à renforcer sa mainmise sur l'enclave, alors que ses projets pour la vider de ses habitants semblent se poursuivre en parallèle. La presse américaine révèle que des négociations sont menées avec des pays comme la Somalie, l’Éthiopie, l’Indonésie ou la Libye, pour y évacuer les civils de Gaza.

Totalement hostiles à ce scénario, qui s'apparenterait à du nettoyage ethnique, les Européens continuent néanmoins de miser sur la négociation, sans grands résultats. La remise en cause de l'accord d'association UE-Israël n'a pas eu lieu, la reconnaissance de l'État palestinien par des pays comme la France a été repoussée (même si le sommet prévu en juin doit avoir lieu la semaine prochaine) et la mise en place de sanctions a été écartée, au profit d'un accord pour faire entrer de l'aide humanitaire.

Mourir de faim ou risquer sa vie pour récupérer des vivres

Une aide qui entre au compte-gouttes, encore largement insuffisante, et dont la gestion par la Fondation Humanitaire pour Gaza, organisation américaine, se révèle catastrophique. Les rares distributions provoquent des émeutes, où l'armée israélienne multiplie les tirs contre les civils. L'ONU dénombre plus de 800 morts lors de distributions alimentaires, au moins 90 pour la seule journée de dimanche dernier, et tous les témoins décrivent désormais une situation de faim généralisée, avec des habitants confrontés au dilemme entre mourir de faim ou risquer sa vie pour récupérer des vivres.

La malnutrition se répand, et n'épargne ni les humanitaires, ni les derniers reporters témoins de cette réalité. "Mon corps abandonne", écrit ainsi le coordinateur de Médecins sans frontières à Gaza, Mohamed Abu Mughaisib, qui dit parvenir péniblement à trouver de quoi prendre un repas tous les deux jours. Dans une très rare prise de parole, la société des journalistes de l'Agence France Presse publie un message bouleversant sur la situation de ses derniers pigistes et photographes. "Depuis que l’AFP a été fondée en août 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim".

L’accès de la presse étrangère à la bande de Gaza restant interdit par Israël, ces reporters gazaouis sont les seuls témoins de la situation sur place. "Sans intervention immédiate, ces reporters vont mourir" dit simplement cette lettre, à laquelle le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réagi, en demandant que "la presse libre et indépendante puisse accéder à Gaza".