Une frappe meurtrière en Ukraine et des négociations dans l'impasse
Le bilan est très lourd : au moins 34 morts, dont des enfants, et des dizaines de blessés ont été dénombrés dimanche 13 avril à Soumy, où deux missiles russes ont frappé le cœur de la ville, en pleine fête religieuse pour le dimanche des Rameaux. Un bilan comme l'Ukraine n'en avait pas connu depuis longtemps lors d'un bombardement, et un drame qui illustre l'échec patent des négociations menées depuis deux mois par Donald Trump et par ses conseillers.
Au milieu d'un concert d'indignations des dirigeants occidentaux, la réaction du président américain laisse songeur. Interrogé à bord de l'avion présidentiel, il a évoqué "une chose terrible" sans jamais incriminer la Russie, avançant la possibilité d'une "erreur" et voyant dans cette tragédie une raison de plus de la nécessité de négocier. "Cette guerre est une honte", a poursuivi Donald Trump, renvoyé par les évènements à l'échec de sa promesse de campagne de "régler la guerre en 24h".
Aucune avancée avec la Russie
Si le président américain a bien renoué le fil du dialogue avec Moscou, il faut constater l'absence de la moindre avancée obtenue jusqu'ici de la Russie, comme l'a encore montrée la visite de son émissaire, Steve Witkoff, vendredi dernier à Saint-Pétersbourg. Son long tête-à-tête avec Vladimir Poutine n'a débouché sur aucun engagement du président russe, qu'il rencontrait pour la deuxième fois, en plus des deux échanges téléphoniques avec Donald Trump. Pendant que son armée progresse sur le front, Vladimir Poutine fait traîner les discussions, et poursuit ses bombardements.
"Voilà maintenant un mois que la Russie a refusé le cessez-le-feu complet et inconditionnel proposé par l'Ukraine" a rappelé Volodymyr Zelensky dans un message, précisant que "100 drones sont tirés depuis chaque nuit contre des villes ukrainiennes". Très prudent dans sa communication depuis l'épisode douloureux de sa visite à la Maison Blanche, le président ukrainien a tout de même saisi l'occasion de pointer la faiblesse de ses alliés face à Moscou. "La Russie n'a pas peur parce que la pression n'est pas assez forte", a-t-il asséné, invitant Donald Trump à venir voir par lui-même la situation en Ukraine.
Ce nouvel épisode illustre la difficulté d'avancer vers la paix dans les conditions actuelles. Le dialogue mis en place par Washington n'a manifestement aucun effet sur le président russe, qui n'a rien changé à ses objectifs de guerre, et à son ambition ultime de faire de l'Ukraine un pays qui se plie à sa domination. Exclus des discussions, les Européens sont censés composer avec une stratégie américaine difficile à déchiffrer. Si Trump veut à tout prix la paix, il ne semble pas savoir que faire de la guerre, et se montre impatient, quand Vladimir Poutine use de l'arme du temps. Faute de choisir son camp, le président américain fait face à une impasse.