REPORTAGE. "C'était l'horreur, les cris, les larmes, la panique" : à Soumy, les Ukrainiens persuadés que la Russie visait les civils

Au moins 34 morts, dont deux enfants, dans une frappe russe sur la ville de Soumy, au nord-est de l'Ukraine, dimanche 13 avril. Deux jours après la visite de l'émissaire américain à Moscou, les États-Unis estiment que la Russie "dépasse les limites de la décence". Le chancelier allemand Olaf Scholz condamne une "attaque barbare", tandis que la Première ministre italienne Giorgia Meloni déplore une frappe "horrible et lâche" qui "contredit tout engagement réel en faveur de la paix". Sur place, ce sont les civils qui ont été clairement visés.

Les deux missiles ont frappé au cœur de la ville, des bâtiments de l'université, où un concert de jeunes devait avoir lieu à 11h dimanche matin. Quarante minutes plus tôt, la première frappe a touché l'immeuble en face de chez Nadia. "C'était très fort, explique-t-elle, tout notre bâtiment a été endommagé. J'ai tout de suite pensé aux gens qui meurent. Ici, on est en plein centre. Aujourd'hui, c'est un jour de fête. Les enfants et leurs mamans se promènent. On bénit les Rameaux", déplore Nadia.

"Une extermination ciblée des populations civiles"

Dimanche au soir, les rues restent jonchées de débris, des voitures calcinées, criblées d'éclats de métal. Un vélo renversé bloque le trottoir. Les riverains, hébétés, choqués encore, errent dans le périmètre de sécurité où les secouristes continuent de travailler. "Je pensais avoir tout vu dans ma vie mais ce qui s'est passé aujourd'hui dépasse tout le reste, dit le porte-parole des secouristes. Dix véhicules en feu, le bus aussi, avec des passagers innocents. Tout était détruit, tout brûlait. À l'intérieur, il y avait des gens, c'était l'horreur, les cris, les larmes, la panique."

Les secouristes continuent de déblayer les rues de Soumy après les frappes russes qui ont ciblé le centre de la ville ukrainienne. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)
Les secouristes continuent de déblayer les rues de Soumy après les frappes russes qui ont ciblé le centre de la ville ukrainienne. (GILLES GALLINARO / RADIO FRANCE)

"C'était une extermination ciblée des populations civiles", poursuit ce secouriste expérimenté pour qui les missiles envoyés sur Soumy avaient bien pour but de faire un maximum de victimes.

"Jusqu'à quand le monde entier va observer comment les Russes exterminent l'Ukraine ?"

Nadia, habitante de Soumy

à franceinfo

Nadia en appelle encore une fois à la communauté internationale : "Regardez, il n'y a rien de militaire sur place, c'est un crime !" À ses côtés, sa voisine interpelle : "Il faut raconter. Il faut dire au monde ce qu'il se passe ici, un crime contre l'humanité", dit-elle.