Famine à Gaza : l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens sanctionnée financièrement par la Chambre américaine

Les États-Unis mettent un nouveau coup de serpe dans le budget alloué à l’aide humanitaire internationale. Selon le magazine d’investigation étasunien en ligne The Intercept, la commission des crédits de la Chambre des représentants, dominée par le Parti républicain, a voté la semaine dernière en faveur de l’interdiction du soutien financier de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

Si ce texte est définitivement adopté par le Congrès, cette interdiction renforcerait le blocus financier imposé à l’Unrwa depuis 2024, lorsque la Knesset a voté la suspension de toutes les activités de l’organisation humanitaire à Gaza et l’interdiction aux responsables israéliens de travailler avec l’agence humanitaire. Le Parlement israélien était même allé jusqu’à qualifier l’agence onusienne d’ « organisation terroriste ».

Pour le chef de l’Agence, Philippe Lazzarani, c’est un choix qui « met en danger les vies et l’avenir des Palestiniens », avait-il alerté le 30 janvier 2025 devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Considéré comme l’un des principaux piliers de l’aide humanitaire international à Gaza et en Cisjordanie, l’Unrwa distribuait de l’aide dans 400 sites à travers l’enclave palestinienne, mais aussi aux réfugiés palestiniens au Liban, en Jordanie et en Syrie.

Elle employait à l’époque près de 13 000 personnes (pour la plupart palestinienne). Au total, en 2024, l’organisation venait en aide à plus de cinq millions de réfugiés palestiniens.

L’Unrwa voit de plus en plus ses opérations menacées

Le 23 juillet, la commission des crédits de la Chambre des représentants américaine a adopté un projet de loi centré sur le financement de la sécurité nationale et des programmes du département d’État.

Ce projet de loi de 46 milliards de dollars réduirait considérablement le financement de nombreux programmes d’aide étrangère et interdirait donc le financement de l’Unrwa, tout en accordant à Israël 3,3 milliards de dollars pour acheter davantage d’armes américaines, d’après le magazine d’investigation étasunien.

Avec ce texte, la commission souhaite aller plus loin que l’interdiction de l’année dernière, puisqu’elle a pour objectif d’interdire également le financement du secrétariat des Nations unies, l’agence mère de l’organisation d’aide humanitaire pour les Palestiniens.

Une décision peu surprenante au vu de l’hostilité que Donald Trump et ses alliés conservateurs ont pour les Nations Unies.

Dans une déclaration, le représentant républicain de Floride, Mario Diaz-Balart, également présidant de la sous-commission de la sécurité nationale et du département d’État de la commission des crédits, a salué les mesures anti-Unrwa comme étant « des exemples de la manière dont ce projet de loi renforce la sécurité nationale et soutient une politique étrangère America First (l’Amérique d’abord, en français, NDLR) ».

Intimidations et famine extrême

Ce vote intervient dans un contexte de famine massive dans la bande de Gaza, dénoncée par les experts de l’ONU et de l’OMS.

Même si Israël et les États-Unis ne veulent pas l’admettre, pour Yara Asi, professeure adjointe à la Faculté de gestion mondiale de la santé et d’informatique de l’Université de Floride centrale citée par The Intercept, le lien entre la campagne de pression et d’intimidations contre l’Unrwa et la famine extrême qui se déroule actuellement à Gaza est évident.

« Ces liens n’ont pas vraiment été établis entre le retrait du financement de la plus grande agence humanitaire à Gaza et la catastrophe humanitaire qui s’ensuit. Ils avaient été prévenus », a-t-elle poursuivi.

Les taux de malnutrition dans la bande de Gaza atteignent « des niveaux alarmants », marqués par un « pic de décès en juillet », a prévenu dimanche l’Organisation mondiale de la santé (OMS), estimant que le « blocage délibéré » de l’aide humanitaire a coûté la vie à de nombreux habitants. Une alerte de plus parmi toutes celles lancées par les organisations d’aide alimentaire depuis 2024.

Force est de constater que cette dernière a enfin fait réagir la communauté internationale. Après des mois de massacres du peuple palestinien, le gouvernement génocidaire dirigé par Benyamin s’est décidé à accorder une « pause tactique », pour laisser entrer un minimum d’aide humanitaire dans Gaza.

Donald Trump, toujours là lorsqu’il s’agit de se positionner comme le sauveur, a affirmé, lundi 28 juillet, l’ouverture de « centres alimentaires où les gens pourront entrer librement, sans limites et sans clôtures » dans la bande de Gaza, qu’il rêve de voir devenir la prochaine « French Riviera » du Moyen-Orient.

De leur côté, la Jordanie, les Émirats arabes unis, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont annoncé vouloir organiser un « pont aérien de biens humanitaires vers Gaza ». Deux avions jordaniens et un autre appareil sous pavillon émirati ont par ailleurs déjà largué 25 tonnes d’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne dimanche dernier.

La France devrait se joindre aux opérations de largage d’aide humanitaire dans les prochains jours « afin de répondre aux besoins les plus essentiels et les plus urgents de la population civile », avait annoncé une source diplomatique à l’Agence France-Presse.

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