Une entreprise canadienne dépose la première demande d'exploitation minière des fonds marins
Profitant de la porte ouverte par Donald Trump, l'entreprise canadienne The Metals company (TMC) a annoncé mardi 29 avril avoir déposé la première demande d'exploitation minière dans les eaux internationales, malgré le combat des défenseurs des océans pour empêcher cette nouvelle industrie.
La demande d'exploitation commerciale, déposée auprès des autorités américaines par la filiale TMC USA, concerne des parcelles d'un total de plus de 25 000 km2 dans la zone de Clarion-Clipperton dans le Pacifique pour ramasser des "nodules polymétalliques" riches en minéraux stratégiques pour la transition énergétique, comme le nickel des batteries ou le cuivre des câbles électriques.
"Aujourd'hui marque une étape majeure, non seulement pour TMC USA, mais pour l'indépendance en minerais et la résurgence industrielle de l'Amérique", a commenté le PDG de TMC Gerard Barron.
"Avec le ferme soutien de Washington (...) nous sommes impatients de fournir le premier projet mondial d'extraction commerciale de nodules", a-t-il ajouté.
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Un acte de mépris total
L'entreprise canadienne, espérant être la première à aller aspirer les nodules polymétalliques, sorte de galets riches en métaux sur les plaines abyssales du Pacifique, avait annoncé en mars vouloir solliciter le premier contrat d'extraction minière commerciale en haute mer, via l'administration américaine.
Un changement de stratégie choc : initialement, la société voulait déposer sa demande en juin auprès de l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), qui a juridiction sur les fonds marins des eaux internationales.

TMC a justifié ce court-circuitage de l'AIFM par la lenteur de l'organisation à adopter le "code minier" qui doit établir les règles d'extraction minière commerciale en haute mer.
Quelques semaines seulement après cette annonce choc de TMC, le président américain Donald Trump a signé un décret visant à accélérer l'examen des candidatures et la délivrance de permis d'exploration, y compris dans les eaux internationales.
Ce coup de force s'appuie sur une loi américaine de 1980 qui établit des règles pour l'exploration et la "récupération commerciale" des minerais des fonds marins dans les eaux internationales, les États-Unis n'étant pas membres de l'AIFM.
Les États-Unis, qui espèrent se dégager de la dépendance face à la Chine pour l'approvisionnement en métaux stratégiques, estiment que l'extraction minière sous-marine pourrait créer 100 000 emplois et augmenter de 300 milliards de dollars le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis, sur dix ans, selon un responsable américain.
L'annonce de TMC "restera dans les mémoires comme un acte de mépris total pour le droit international et le consensus scientifique", a dénoncé mardi Ruth Ramos, de Greenpeace.
Les défenseurs des océans estiment que l'extraction minière sous-marine menace des écosystèmes cruciaux et encore peu connus.
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TMC a précisé avoir déposé auprès de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOOA), compétente en vertu de la législation de 1980, des demandes d'exploration pour deux zones dans la CCZ, en plus de la demande de permis d'exploitation pour une de ces zones.
Au total, les deux zones déjà en partie explorées par TMC via un contrat avec l'AIFM, contiennent environ 15,5 millions de tonnes de nickel, 12,8 millions de tonnes de cuivre, 2 millions de tonnes de cobalt et 345 millions de tonnes de manganèse, selon les estimations de l'entreprise.
Avec AFP