Droits de douanes américains : des risques économiques bien réels de part et d’autres de l’Atlantique

En réponse aux droits de douane imposés dès mercredi 4 mars aux importations de produits canadiens, mexicains et chinois sur le sol américain, les trois pays concernés ont enclenché des représailles. La vraie question est de savoir quels sont précisément ces risques que tout le monde invoque, mais que l’on a encore du mal à définir précisément ? Comme le dit le ministre français chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, "les droits de douane auront des impacts négatifs pour tout le monde". C’est le concept même de mondialisation que Donald Trump est en train de remettre en question. Tous les échanges commerciaux sont imbriqués les uns dans les autres. Tous les pays sont finalement des partenaires commerciaux et la paralysie est presque assurée.

Avec ses droits de douane prohibitifs, le président américain est en train de casser la dynamique des échanges multilatéraux et, au bout du bout, c’est l’ensemble des chaînes de valeur et d’approvisionnement, et les flux d’investissement, qui sont remis en cause, partout dans le monde.

Comme l’explique l’économiste Lionel Fontagné, qui dirige le tout nouvel Institut des Politiques Macroéconomiques et internationales, l’i-MIP, associé à l’École d’Économie de Paris, l’Union européenne reste profondément attachée aux règles du multilatéralisme et à l’idée de marchés ouverts à la libre concurrence. Donald Trump prend aujourd’hui la liberté de s’en affranchir, d'où l'annonce dans son discours au Congrès américain d'appliquer dès le 2 avril des droits de douane réciproques, soit taxer les produits étrangers importés aux États-Unis au même niveau que les produits américains sont taxés à l'étranger.

Conséquences pour producteurs et consommateurs

Selon Lionel Fontagné, la situation est grave, car l’incertitude générée par le cataclysme Trump va freiner les plans d’investissement et les créations d’emplois, donc la croissance mondiale. Les marchés financiers commencent d’ailleurs à envoyer des signaux, avec le repli des bourses le 4 mars 2025. Les investisseurs détestent l’incertitude et le président américain va être très vite rappelé à la réalité de la vie par la patrouille financière.

Dans ce contexte, l’i-MIP souligne la tâche particulièrement compliquée pour la présidente de la Commission européenne. Ursula von der Leyen doit asseoir la crédibilité de l’Europe et annoncer des représailles, tout en évitant de jeter de l’huile sur le feu. Triptyque diplomatique compliqué, explosif sur le plan économique et financier.