Droits de douane américains : inquiets, les élus ultramarins attendent la riposte d'Emmanuel Macron

Et si Donald Trump avait lancé une guerre économique en égrenant les mesures de ce qu’il a appelé le "Libération Day" ce mercredi 2 avril depuis la Maison-Blanche ? D’un ton sec, le président américain a annoncé un nouveau tour de vis concernant les droits de douane sur les produits exportés vers son pays. "C’est le jour de la déclaration d’indépendance économique" des États-Unis, a-t-il lancé depuis le palais présidentiel, attisant la crispation des partenaires commerciaux du pays.

"On est dans une phase anxiogène […] Aujourd’hui, on a les bases posées par Donald Trump pour une guerre économique, et ça m’inquiète", alerte le député de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Lenormand.

"Ils remontent à la prohibition"

Dans le tableau diffusé par l’administration du gouvernement américain sur le réseau social X qui récapitule ces nouvelles taxes, les départements d'Outre-mer ne sont pas traités de la même manière, ni comme le reste de l'Union européenne (UE). La Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et Mayotte se retrouvent taxés à hauteur de 10 %, tandis que La Réunion verrait ses produits taxés à 37 % et Saint-Pierre et Miquelon, à 50 %. Cette surtaxation aurait un impact direct marginal pour les Outre-mer selon l'économiste Olivier Sudrie, même si elle interroge.

"C’est assez curieux, car quand on compare des territoires comme La Réunion qui fait partie de l’Union européenne qui sont taxés à 37 % et la Chine à 34 %, on a du mal à comprendre", fait savoir Micheline Jacques, présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-mer.

"Je pense que Donald Trump et son administration ont dû utiliser une base de données qui remonte à la prohibition, où il y avait beaucoup de flux, lâche Stéphane Lenormand. Pour le reste, ça traduit l’incompétence de l’administration américaine de manière générale."

Des perspectives d'ouverture "refroidies"

L’annonce de ces nouvelles mesures a de quoi agacer Stéphane Lenormand, même s’il ne voit pas encore en quoi son territoire sera impacté : "L’un des points majeurs de tension de notre territoire est la vie chère, donc ce genre d’annonce n’est pas une bonne nouvelle. Même si on ne voit pas encore les conséquences que cela pourrait avoir."

De son côté, Micheline Jacques, par ailleurs sénatrice LR de Saint-Barthélemy, s’est montrée plus préoccupée : "Je suis très inquiète quand je vois que Saint-Pierre et Miquelon, le territoire le plus proche des États-Unis, est taxé à 50 %. C’est énorme. […] À la délégation, on travaille sur la régionalisation comme solution au coût de la vie et cela nous inquiète particulièrement, parce que les perspectives d'ouverture vers les États-Unis risquent d'être refroidies".

Une réponse de l’UE et de la France attendue

L’Union européenne est prête à sortir les muscles face au mastodonte américain. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a annoncé à la mi-journée que l’UE était "prête à la guerre commerciale" avec les États-Unis. Mais au-delà de la réponse européenne, les élus ultramarins attendent des actes forts de la France pour leur éviter "une double inflation" selon les propos de Frédéric Maillot, député NFP de La Réunion : "C’est à la France d’aller se faire respecter et d’aller discuter avec les États-Unis".

Ce jeudi, Emmanuel Macron a dénoncé une "décision brutale et infondée" qui aura un "impact massif" sur l'économie européenne. Quid des Outre-mer ? "J’attends que les Outre-mer soient au cœur du débat, appuie Frédéric Maillot. Est-ce qu’il y aura un traitement différent pour les Français de l’Outre-mer et ceux de l’Hexagone ? La réponse est entre les mains du gouvernement".