« L’absence de partage des efforts, ça ne passe plus » : le 18 septembre, les syndicats de fonctionnaires unis pour enterrer le budget Bayrou

Ils vont certainement compter parmi les plus gros bataillons de la mobilisation. Si les représentants des syndicats de la fonction publique ne se risquent pas encore à des pronostics sur leur capacité à lever les foules ce jeudi 18 septembre, l’espoir d’une vague massive, comparable à celle qui s’est dressée contre la réforme des retraites, est dans tous les esprits.

Comme en 2023, ils opposent en tout cas à l’exécutif le front commun d’une intersyndicale au grand complet (CFDT, CFE-CGC, CGT, FA, FO, FSU, Solidaires, Unsa). Les signaux venus du terrain et les premières remontées ont par ailleurs de quoi leur donner des ailes avant ce rendez-vous pour lequel certains représentants, à l’instar de Caroline Chevé, secrétaire générale de la FSU fonction publique, disent « avoir jeté toutes leurs forces » afin de battre le rappel des troupes : rien que dans l’éducation nationale, un tiers d’enseignants du primaire se serait d’ores et déjà déclaré en grève.

Pour Natacha Pommet, secrétaire générale de la fédération des services publics CGT, la mobilisation, si elle veut faire bouger les choses face à « cet enjeu énorme », « devra à la fois être dans la rue, mais surtout dans l’entreprise, avec des grèves ».

Enterrer le budget Bayrou dans le « musée des horreurs »

Avec, en ligne de mire, le projet de budget de François Bayrou qu’ils attendent tous de voir enterré « dans le musée des horreurs », selon les termes de la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet. Il faut dire que dans la répartition « des efforts » pour atteindre ses 44 milliards d’euros d’économies, l’ex-Premier ministre, en sommant les agents publics de « montrer l’exemple » en matière de sacrifices, avait à leur égard particulièrement chargé la barque.

« Notre première revendication est de faire échouer le projet de loi de finances présenté par Bayrou », confirme Christian Grolier, secrétaire général de la fédération des fonctionnaires de Force ouvrière.

Pour lui, « croire que son successeur (Sébastien Lecornu, NDLR), qui a été de tous les gouvernements macronistes, qui a voté tous les projets de loi de finances précédents, y compris la réforme des retraites, ne soit pas sur la même orientation » relève de la pure illusion, malgré les quelques annonces distillées « de façon très opportune » sur le renoncement à la suppression de deux jours fériés, « simple diversion », aux yeux des représentants syndicaux.

Un sentiment de ras-le-bol général

Au-delà des multiples menaces inscrites dans ce budget (non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, nouvelle année blanche, ponction de 5,3 milliards d’euros sur les finances des collectivités locales… ), l’intersyndicale s’accorde « sur un sentiment de ras-le-bol » général alimenté par « une accumulation d’attaques » sur le dos des 5,7 millions d’agents, dans les trois « versants » de la fonction publique d’État, territoriale et hospitalière.

« Les tergiversations politiques, la chute de Bayrou puis la nomination de Sébastien Lecornu, les agents s’en moquent. Ils se soulèvent parce que c’est toute la politique des gouvernements successifs qui est rejetée », tranche Natacha Pommet.

La question de leur rémunération et de leur pouvoir d’achat cristallise particulièrement les revendications, après une succession de deux années de gel du point d’indice – la base de calcul du salaire des fonctionnaires –, et la suppression depuis 2024 de la prime Gipa (garantie individuelle de pouvoir d’achat), un filet de sécurité contre l’inflation. Autant de coups de rabot « qui ont considérablement dégradé les conditions de vie des agents », dénonce Gaëlle Martinez, déléguée générale de Solidaires.

Baisse de 10 % de l’indemnisation des arrêts maladie

« Les agents publics et les services publics ont déjà été mis à lourde contribution. Ils ont déjà subi l’inflation depuis de nombreuses années sans avoir de revalorisation salariale digne de ce nom », abonde Stanislas Gaudon, président de la fédération services publics de la CFE-CGC. La baisse de 10 % de l’indemnisation des arrêts maladie ordinaires, imposée dans le budget 2025, compte en outre parmi les mesures les plus brutales imposées par le gouvernement Bayrou.

« C’est un ras-le-bol parce que c’est toujours sur les mêmes que pèsent les efforts, tandis que 211 milliards d’aides publiques sont versées à des entreprises loin d’être dans le besoin », ajoute Natacha Pommet. Un constat partagé par Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT fonction publique, selon qui « les politiques menées font payer encore et toujours les travailleurs et les travailleuses. L’absence de partage des efforts, ça ne passe plus ».

Pour tous, quelle que soit l’issue de cette journée, elle signe le début d’un bras de fer qui ne faiblira pas tant que le nouveau gouvernement ne sera pas sorti du bois avec un projet de budget qui ne fera pas, de nouveau, de leurs conditions de travail et des services publics une variable d’ajustement.

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