Vague d’interpellations après les attaques contre des prisons
Quinze jours après les premières attaques de prisons au nom d’un groupe inconnu « DDPF », vingt-cinq personnes ont été interpellées ou extraites de leur cellule lundi partout en France dans le cadre d’une vaste opération de police. L’opération, menée à l’aube en région parisienne, à Marseille, Lyon et Bordeaux, a été placée sous la houlette du Parquet national antiterroriste (Pnat), saisi du dossier en raison du caractère coordonné des faits. Le parquet évoque des « avancées significatives » sur l’identification des auteurs présumés et de possibles commanditaires.
Une quinzaine d’actions recensées depuis mi-avril
Depuis la mi-avril, une quinzaine d’actions — incendies de véhicules de personnels pénitentiaires, tirs de mortier contre des prisons, tirs d’armes lourdes comme à Toulon — ont été recensées. À plusieurs reprises, la signature « DDPF » a été retrouvée, notamment sur des murs ou sur des véhicules détruits. Le parquet précise que d’autres incidents sont survenus dans d’autres établissements, sans qu’un lien formel puisse être établi pour l’instant.
Depuis le début des attaques, le gouvernement n’a eu de cesse d’y voir la main du narcotrafic. Dans un message publié lundi matin sur X (ex-Twitter), Gérald Darmanin a salué l’action des enquêteurs : « Force reste à la loi et à la République dans notre lutte implacable contre le narcotrafic », a-t-il écrit.
La proposition de loi contre le narcotrafic en cours d’examen
Ce coup de filet d’interpellation survient dans un contexte politique particulier, alors que le Sénat et l’Assemblée nationale examinent une proposition de loi censée durcir la lutte contre les trafiquants de drogue. Un calendrier qui alimente les interrogations sur les liens entre ces violences contre les prisons et les débats parlementaires en cours.
Quant au mystérieux groupe DDPF, il reste en grande partie une énigme. Actif notamment sur la messagerie cryptée Telegram avant que ses contenus ne soient supprimés, il mêlerait méthodes de la grande criminalité organisée « et influences d’ultragauche », selon une source policière de l’AFP.
Le premier ministre François Bayrou, qui s’est rendu à la prison de Saint-Quentin-Fallavier au lendemain des attaques à Villefontaine, avait estimé que ces violences étaient la conséquence directe du durcissement des politiques pénitentiaires. « Ces attaques montrent que l’action de l’État touche juste », s’est félicité le premier ministre, sans pour autant s’attarder sur les conditions de détention qui nourrissent, elles aussi, la colère.
Si cette vague d’interpellations constitue une étape, l’enquête est loin d’être close. L’opacité autour du groupe DDPF pose d’ores et déjà des questions sur les réponses politiques apportées à une crise qui dépasse largement les murs des prisons.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
- nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
- nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus