Affaire Bétharram : flagrant délit de mensonge, Bayrou a bien parlé au juge Mirande
Le Premier ministre a donc menti. Encore une fois. En mars 2024, François Bayrou affirmait ne pas connaître le père Carricart, directeur de Notre-Dame de Bétharram entre 1987 et 1993, visé par une enquête pour viol sur mineur et qui s’est suicidé en 2000, « si ce n’est peut-être de vue ». « Jamais je n’ai été au courant de cette histoire à ce moment-là, je n’ai jamais entendu parler des accusations de viol » prétendait-il alors.
Pourtant, Hélène Perlant, la fille de François Bayrou, a révélé jeudi 24 avril que son père s’était rendu au domicile du juge Christian Mirande pour parler de cette enquête, dont il était en charge. Interrogé par le média d’investigation, le cabinet du premier ministre a finalement reconnu formellement et pour la première fois, vendredi 25 avril, que François Bayrou a parlé au juge Mirande de cette affaire.
« Quelle est la valeur de la parole du premier ministre ? »
« Il ne s’en souvient pas, je pense, mais je suis là le soir où il rentre de chez le juge Mirande, on est là tous seuls tous les deux et il me dit ”ne le répète surtout pas, j’ai juré d’être dans le secret de l’instruction”», a déclaré Hélène Perlant sur le plateau d’« à l’air libre », l’émission vidéo de Mediapart. « Est-ce que tu crois possible ça ? », lui a demandé son père. « On est resté là. Je lui ai dit ”écoute…” Et il m’a dit : ”il est en prison, qu’il y reste”», a relaté la fille devant la caméra de Mediapart.
« Donc, il vous a confirmé avoir parlé au juge Mirande ? », l’a relancée le journaliste. « Avoir juré au juge Mirande de ne pas trahir le secret de l’instruction, le fait que le juge Mirande avait parlé », a répondu Hélène Perlant.
Après avoir nié en mars 2024 avoir rencontré le juge Mirande, François Bayrou avait ensuite changé sa version, évoquant une rencontre fortuite avec l’ancien magistrat, domicilié comme lui à Bordères près de Pau, lors de laquelle ils auraient eu une conversation informelle sur l’affaire.
« C’est mon voisin depuis cinquante ans dans mon village. Il s’agit d’une amitié de longue date, avant même qu’il ne soit magistrat. Est-ce que nous avons pu parler de cette affaire ? Sans doute, oui », déclarait ainsi le Premier ministre le 18 février dernier à l’Assemblée nationale. « Christian Mirande est un juge d’une absolue intégrité et il n’a jamais communiqué le moindre élément du dossier : nous avons pu parler de l’ambiance, de l’établissement, jamais du dossier », avait même ajouté le chef du gouvernement, rapporte l’Agence France-Presse.
Le député La France insoumise Paul Vannier, corapporteur de la commission d’enquête sur le contrôle des établissements scolaires par l’État, a réagi sur le plateau de Mediapart aux propos tenus par la fille du premier ministre : « Il y a là encore une contradiction entre les paroles d’une victime et la parole de François Bayrou, et cela ajoute beaucoup de contradictions à des déclarations que François Bayrou a faites à de nombreuses reprises et qui aujourd’hui interrogent, je crois, au-delà de la commission d’enquête, et pose une question : quelle est la valeur de la parole du premier ministre de la France ? ». « Comme député, j’appelle à la démission du premier ministre, considérant qu’il a menti, à plusieurs reprises, devant l’Assemblée nationale puis devant les victimes de Bétharram », ajoute-t-il sur X (ex-Twitter), alors que François Bayrou sera auditionné devant la commission d’enquête le 14 mai.
Le média que les milliardaires ne peuvent pas s’acheter
Nous ne sommes financés par aucun milliardaire. Et nous en sommes fiers ! Mais nous sommes confrontés à des défis financiers constants. Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.
Je veux en savoir plus !