Agressions sexuelles à Notre-Dame de Bétharram : François Bayrou prétend n’avoir « jamais été informé » et annonce porter plainte pour « diffamation »

D’après les révélations de Mediapart, François Bayrou connaissait l’ampleur des accusations de violences physiques et de viols sur mineurs visant le pensionnat catholique Notre-Dame de Bétharram, près de Pau (Pyrénées-Atlantiques), où ses enfants étaient scolarisés et où son épouse a donné des cours de catéchisme. Il avait pourtant affirmé le contraire au Parisien l’an passé : « C’est vrai que la rumeur, il y a vingt-cinq ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat. Mais de risques sexuels, je n’avais jamais entendu parler. » Des propos confirmés, l’été dernier, dans le Point, où il affirme que « personne » ne l’a jamais alerté, « du moins dans (son) souvenir ».

Mardi 11 février, à l’Assemblée Nationale en réponse à une question du député insoumis Paul Vannier, le chef du gouvernement a de nouveau affirmé : « Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit, de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais. » Depuis un an, le parquet de Pau mène l’enquête à la suite d’une centaine de plaintes pour violences, agressions sexuelles et viols à l’institut catholique, entre les années 1970 et 1990.

Un Premier ministre ment à l’Assemblée Nationale ?

Mediapart rapporte pourtant qu’en 1996, alors que François Bayrou était ministre de l’Éducation, des plaignants avaient déjà dénoncé les violences physiques d’un surveillant à Bétharram, condamné par la suite. Puis en 1998, un ancien directeur de l’institution a été mis en examen et écroué pour viol.

« Lorsque la première plainte est déposée », selon le Premier ministre, « en décembre 1997 », il a « quitté déjà le ministère de l’Éducation nationale depuis des mois » – en mai de la même année. « Est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements » où l’on aurait « soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ? », a ajouté François Bayrou mardi 11 février lors des questions au gouvernement.

« Je peux vous assurer que tout est faux et qu’une plainte en diffamation sera évidemment portée », a-t-il conclu, sans préciser qui était visé. Si les informations de Mediapart, qui a toujours gagné ses procès en diffamation, étaient confirmées par l’enquête judiciaire, cela signifierait qu’un Premier ministre a menti devant la représentation nationale.

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