Violences physiques, humiliations, tortures psychologiques dans le « Bétharram » breton : d’anciens élèves du collège Saint-Pierre dans le Finistère saisissent la justice

Le tabou des violences envers les enfants dans les établissements scolaires catholiques continue de s’étioler. Le chiffre total de plaintes pour des violences physiques et sexuelles à Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) s’élève à 200 dans ce dossier, avec 48 nouvelles plaintes déposées mercredi 2 avril. Le même jour, des anciens élèves du collège catholique Saint-Pierre (Finistère) victimes de violences dans cet établissement ont déposé une cinquantaine de témoignages au parquet de Brest.

« Les faits commis sur des mineurs dans un établissement privé sous contrat avec l’État justifient l’ouverture d’une information judiciaire qui permettra de déterminer les responsabilités directes et indirectes, et celles de l’État », a déclaré François Barat, porte-parole du collectif d’anciens élèves du collège Saint-Pierre, du Relecq-Kerhuon (Finistère), près de Brest.

« Violences physiques, humiliations, tortures psychologiques »

Un dossier de cinquante témoignages écrits, relatant des faits de violences commis entre 1962 et 1996 par les enseignants de ce collège catholique, a été remis au parquet, a-t-il indiqué devant le tribunal. Entouré de plusieurs dizaines de victimes, François Barat a lu un communiqué de presse sur les marches du palais de justice, énumérant les « violences physiques, humiliations, tortures psychologiques » subies à l’époque et dont les séquelles « sont toujours présentes ».

Le collectif espère l’ouverture d’une enquête malgré la prescription des faits. « Il n’est pas possible que des gens qui nous ont maltraités puissent aujourd’hui vivre leur retraite tranquilles (…) On attend que la justice prenne le dossier à bras-le-corps », a déclaré François Barat.

« Cela mérite qu’on y regarde de près », a déclaré à l’Agence France Presse le procureur de Brest, Camille Miansoni, qui a indiqué qu’il prendrait connaissance des témoignages pour s’assurer qu’il n’y a pas des « faits de nature sexuelle », dont le délai de prescription est plus long, ou d’autres faits « non prescrits ». « En fonction de cela, je déciderai de l’opportunité d’ouvrir une enquête », a-t-il ajouté.

Le collectif, qui souhaite aussi obtenir des indemnités, a été rejoint par près de 160 anciens élèves. Surnommé « le bagne » par ses anciens élèves, le collège Saint-Pierre a aussi été qualifié de « Bétharram » breton par la presse régionale. Après une fusion avec un autre établissement, le collège est devenu Saint-Jean-de-la-Croix à la fin des années 1980. Dans un message aux parents et élèves diffusé fin février, la direction actuelle du collège avait assuré n’avoir « plus aucun lien avec ce que fut Saint-Pierre autrefois ».

Face à toutes ces violences, le même jour, devant la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire, le représentant des établissements privés catholiques, Philippe Delorme, s’est abrité derrière son manque de pouvoir, en soulignant sa volonté d’« avertir, alerter, vérifier que les choses bougent »mais pas imposer.

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