Affaire Bétharram : Élisabeth Borne annonce un plan de lutte contre les violences dans les écoles privées
Il aura fallu attendre trois décennies pour que Notre-Dame de Bétharram, établissement privé du Béarn visé par de nombreux signalements pour des faits de violences physiques et sexuelles depuis 1996, soit enfin inspecté. Il le sera ce lundi. Un premier pas vers un renforcement timide du contrôle de l’enseignement privé.
La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, en a dessiné les contours, dans les colonnes de la Tribune dimanche. L’ex-première ministre affirme que les contrôles sont trop « peu nombreux », ce qui peut « paraître paradoxal, puisque l’État les (les établissements privés – NDLR) finance chaque année à hauteur de 10 milliards d’euros ».
Elle propose « d’organiser une remontée systématique des faits de violence, (de) mieux recueillir la parole des élèves et (de) renforcer les contrôles dans l’enseignement privé sous contrat ». Les 7 190 écoles privées du pays seront contrôlées par 60 inspecteurs supplémentaires déployés en 2025 et en 2026. Et 40 % le seront « dans les deux prochaines années », dont seulement « la moitié par des visites sur place ».
« L’État n’a pas été au rendez-vous »
Ces écoles privées sous contrat devront également se plier à une règle déjà en vigueur dans le public : installer l’application « Faits établissement », qui sert à notifier des faits de violences au rectorat. Ces signalements « seront rendus obligatoires » par décret. Aussi, lorsqu’un appel au numéro 119 Allô enfance en danger « fait état d’abus » dans une école privée ou publique, les équipes académiques en seront alertées.
C’est donc le scandale médiatique autour de Notre-Dame de Bétharram, étouffé des décennies durant malgré plus de 150 plaintes déposées, qui a mis fin à l’inaction des autorités, lesquelles ne peuvent plus détourner le regard. « L’État n’a pas été au rendez-vous avec notamment des contrôles insuffisants pendant toutes ces années » dans cet établissement privé catholique, avoue Élisabeth Borne.
Le retrait de l’agrément n’est, pour l’heure, pas à l’ordre du jour, mais la ministre assure qu’elle prendra « les mesures qui s’imposent » en fonction des conclusions de l’inspection sur le fonctionnement actuel de la structure, où le premier ministre François Bayrou a un temps scolarisé ses enfants. Sous le feu des projecteurs car accusé d’avoir protégé Notre-Dame de Bétharram, le centriste continue, sur France Inter, sa maladroite défense, parlant d’une « manœuvre de déstabilisation » à son encontre et d’« un drame », alors qu’il doit être bientôt auditionné par une commission d’enquête parlementaire.
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