Une scène d’une brutalité glaçante. Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 septembre, sept policiers en civil ont été violemment pris à partie par une dizaine de personnes dans le centre de Reims (Marne). Le procureur de la République, François Schneider, a refait mardi le fil de la soirée, aidé par les images de témoins ayant filmé l’altercation.
Des policiers qui n’étaient pas en service se réunissaient pour le pot de départ d’un collègue dans un restaurant du centre-ville, dans le quartier des Promenades. Un premier groupe était déjà attablé et un second était en route pour les rejoindre.
Stoppés dans leur élan par une dizaine d’individus, sept agents de ce second groupe ont été roués de « coups de ceinture », de « coups de poing » et « de coups de pied », a détaillé François Schneider. Appelés en renfort, leurs collègues déjà attablés ont été lynchés à leur tour. Le procureur dénonce des faits « d’une violence extrême et parfaitement gratuite ».
« Des hématomes sur tout le corps »
Bilan de ce passage à tabac : une cheville et un nez cassés, et un traumatisme crânien. « La moitié d’entre eux a des hématomes sur tout le corps », a complété le procureur. Au total, six des sept fonctionnaires se sont vu prescrire des incapacités totales de travail allant de quatre à vingt-huit jours.
France 3 Champagne-Ardenne a retrouvé la personne qui a dégainé son téléphone pour filmer l’agression. « Les Promenades le soir, on sait que c’est mal famé, il y a déjà eu des bagarres. Mais avec autant de personnes, c’est la première fois que je vois ça. On ne sait pas vraiment qui est qui, qui est avec qui… Je n’ai pas eu peur en soi, mais voir des gens passer sans s’arrêter, ça m’a quand même choqué », a-t-il confié.
Les suspects nient en bloc
À ce jour deux frères, originaires de Mayotte, ont été mis en examen. Le magistrat à la tête du parquet de Reims a précisé que ces deux individus, respectivement âgés de 26 et 27 ans, « étaient très connus des services de police ». L’un d’eux a déjà « été condamné à six ans d’emprisonnement par le tribunal correctionnel de Grenoble pour un vol avec violence, pour un enlèvement et séquestration » et l’autre « a multiplié les peines pour des violences ».
Les deux hommes contestent les faits de « violences aggravées sur personnes dépositaires de l’autorité publique » dont ils sont accusés. Ils expliquent avoir été présents par hasard mais n’avoir rien vu.
Pour le procureur, il ne fait aucun doute que ce sont bien les fonctions des policiers qui ont motivé la haine et la violence. L’enquête, encore en cours à cette heure, devrait permettre d’y voir plus clair. Les complices de cette affaire restent activement recherchés.
Dans les faits comme dans la forme, l’agression rappelle celle d’un fonctionnaire de la brigade anticriminalité à Tourcoing, jeudi 11 septembre. Lundi, le syndicat Alliance a appelé à un « électrochoc sécuritaire » dans une publication sur le réseau social X.
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