Vencorex : racheté par son concurrent chinois, l’offre des salariés rejetée par le tribunal
Le couperet est tombé. La reprise partielle de l’usine chimique en difficulté Vencorex (Pont-de-Claix), près de Grenoble, a été attribuée jeudi au groupe chinois Wanhua, via sa filiale hongroise BorsodChem. Le prix de cession est de 1,2 million d’euros et le repreneur s’engage à investir 19 millions d’euros sur le site d’ici 2027 selon le tribunal. L’industriel prévoit de reprendre un seul atelier de 46 salariés qui fabrique les produits finis et de se débarrasser du reste, important de Chine sa matière première.
Le tribunal de commerce de Lyon, avait pourtant à sa disposition une seconde offre lors d’une audience intermédiaire le 3 avril dernier. Celle formulée par une société coopérative d’interêt collectif, mise sur pied en urgence par des salariés de site et des collectivités locales, et qui aurait permis de protéger 273 emplois sur les 301 restants. Elle a été jugée « irrecevable », notamment parce que les « financements (…) n’ont pas été réunis », indique le tribunal. Les porteurs de ce projet, deux salariés de la CGT aidés par un entrepreneur local, avaient requis un délai de quatre semaines pour boucler leur dossier.
Racheté par son adversaire
Le 10 septembre dernier, l’actuel propriétaire, le groupe thaïlandais de pétrochimie PTT GC, a justifié le redressement judiciaire par la concurrence chinoise en mettant en avant marché « hyperconcurrentielle ». Paradoxalement, ce principal adversaire est aujourd’hui le repreneur de l’usine chimique grenobloise. Avec pour objectif de devenir le leader mondial du secteur, Wanhua est parallèlement en négociation pour reprendre des ateliers équivalents à Rayong (Thaïlande) et à Freeport (États-Unis). « L’une de nos craintes, c’est qu’il convoite nos brevets, alertait en décembre dernier, Séverine Dejoux, déléguée syndicale de Vencorex. Et notamment les Easaqua, des produits chimiques à base d’eau utilisés pour les revêtements, intéressants sur le plan environnemental. »
Salariés, élus locaux et nationaux ont mis en garde durant des mois contre un « scénario catastrophe » en Isère si l’usine chimique ferme. 2 000 postes industriels en aval, dont Arkema, et 6 000 en amont dépendent de ce fabricant de sel et de chlore, fournisseur indispensable de filières hautement stratégiques telles que le nucléaire et la défense.
Face au processus de destruction de toute l’industrie chimique au sud de Lyon, plusieurs personnalités politiques, dont Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Christophe Ferrari, président de l’agglomération grenobloise, ou encore André Chassaigne, ancien président du groupe GDR à l’Assemblée nationale, avait lancé dès décembre un appel à la nationalisation temporaire de Vencorex. François Bayrou, sollicité à l’occasion, a écarté la demande dans un courrier fin février, affirmant qu’« une nationalisation, même temporaire, ne saurait être la réponse en l’absence de pérennité identifiée ».
Une centaine de députés du Nouveau Front populaire ont d’ores et déjà signé une proposition de loi (PPL) de nationalisation déposée le 11 février par Cyrielle Chatelain, députée écologiste de l’Isère, mais une dizaine de signatures de la majorité manquent à ce stade pour que la loi puisse être examinée rapidement. IL reste dix députés à trouver pour désormais des milliers d’emplois à sauver…
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
- En exposant la violence patronale.
- En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
- En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !
Je veux en savoir plus.