Droits de douane entre l'UE et les États-Unis : "On entre dans une phase de négociation", selon l'ancien commissaire européen Thierry Breton
Thierry Breton, ancien Commissaire européen, au marché intérieur, était l'invité du "8h30 franceinfo" mardi 5 août. Il évoque l'accord sur les droits de douanes passé entre l'UE et les États-Unis avec François Beaudonnet et Benjamin Fontaine.
La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, doit annoncer mardi 5 août le report, pour six mois, des mesures de rétorsion européennes visant les États-Unis, après l'entrée en vigueur, prévue jeudi, des 15% de droits de douane décidés par Donald Trump, assure Thierry Breton, ancien commissaire européen au Marché intérieur et ancien ministre de l'Économie. Ces "mesures de rétorsion sont prêtes" et représentent "deux paquets de 96 milliards d'euros", explique Thierry Breton, qui rappelle qu'elles sont conformes aux règles de l'Organisation mondiale du commerce, qui imposent "que lorsqu'un pays est agressé, et nous l'avons été sur les droits de douane, il doit réagir en volume".
Mais la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, a décidé de "les repousser pour une durée de six mois", marquant, pour l'ancien commissaire, l'entrée dans une nouvelle "phase de négociation" entre les deux pays. L'objectif est de se "redonner encore de la perspective", en tentant d'obtenir des concessions, notamment pour la filière viticole. Une stratégie en accord avec la position prise par la présidente depuis plusieurs mois, qui est "d'éviter l'escalade". Cependant, Thierry Breton avertit que "si jamais on met sur la table" des mesures de rétorsion, "il faut évidemment donner le sentiment qu'on sera prêt à les utiliser si c'est nécessaire, c'est ce que font les Chinois en particulier", selon lui.
Un accord "déséquilibré"
L'ancien ministre de l'Économie considère que l'accord entre les États-Unis et l'Europe, qui fixe les droits de douane à 15% est "déséquilibré" et qu'on "est entré dans une phase où le président des États-Unis impose des droits de douane, à l'ensemble des pays de la planète pour leur donner la possibilité de commercer avec les États-Unis d'Amérique, dans le seul intérêt des États-Unis d'Amérique. On peut le critiquer, on peut s'en plaindre, mais c'est un état de fait". Selon lui, lorsqu'en février, la Commission a appelé à ce qu'il y ait "une exemption de droits de douane entre les États-Unis et l'Europe", à savoir 0% de droits de douane entre les deux, "c'était la bonne solution", car l'Europe est "le premier partenaire commercial des États-Unis". "Là, on est à 15% et on n'obtient rien en échange".
Il s'inquiète même des "éléments qui ont été mis sur la table pour n'avoir 'que 15%'", notamment les "concessions" accordées par l'UE aux États-Unis. Il cite, par exemple, la promesse "d'acheter 750 milliards de dollars d'hydrocarbures aux États-Unis en trois ans. Je ne sais pas comment on va le faire, parce qu'on n'en achète que 65 milliards par an".