La Ligue arabe adopte le plan égyptien pour reconstruire Gaza, en opposition à Trump et Netanyahou

Benyamin Netanyahou et Donald Trump rêvent de vider la bande de Gaza de ses habitants, de raser ce qu’il reste de traces de vie et d’y établir leur « Riviera du Moyen-Orient ». À l’opposé de ce projet impérialiste, les membres de la Ligue arabe ont adopté, dans la soirée du mardi 4 mars, un plan pour la reconstruction de la bande de Gaza.

Réunis au Caire, les dirigeants conviés ont ainsi mis en garde Israël et les États-Unis contre leurs tentatives « odieuses » de déplacement de la population gazaouie. « Déplacer le peuple palestinien ou annexer une partie des territoires palestiniens occupés plongerait la région dans une nouvelle phase de conflits, résume un communiqué dévoilé à la fin du sommet. Ce qui constitue une menace claire pour la paix. »

Construire 200 000 nouveaux logements

Le projet porté par l’Égypte visant à reconstruire l’enclave palestinienne est évalué à 53 milliards de dollars, soit une estimation équivalente à celle des Nations unies (ONU). Il prévoit une première étape de six mois axée sur le déblaiement des gravats, l’enlèvement des mines mais aussi des matériaux non explosés et la fourniture de logements temporaires. Puis arriverait la phase de reconstruction, pensée en deux temps sur une période totale de quatre ans et demi.

La première, qui durerait jusqu’en 2027 – et serait dotée d’un budget de 20 milliards de dollars -, se concentrera sur la reconstruction des infrastructures essentielles, par exemple les routes, les réseaux de distribution et les installations de services publics. La seconde phase devrait, elle, s’étendre jusqu’en 2030 pour un coût estimé à 30 milliards de dollars. L’objectif serait d’achever les projets d’infrastructure, construire 200 000 nouveaux logements, établir des zones industrielles, un port de pêche, un port commercial et un aéroport.

Pour mettre en place ce plan, la Ligue arabe souhaite créer un fonds destiné à financer la reconstruction de Gaza, rasée par quinze mois de massacres et de bombardements commis par l’armée israélienne. Les pays arabes présents au Caire appellent, enfin, à une contribution internationale pour accélérer le processus et établir ce fonds dès que possible. Présent au Caire, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a annoncé que son organisation « soutenait fermement » le plan arabe.

Ce dernier comporte aussi une dimension politique, alors que ses membres ont appelé à unifier les Palestiniens sous le parapluie de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), dont le Hamas ne fait pas partie. La bande de Gaza serait ainsi administrée durant une période transitoire par un comité de technocrates palestiniens, avant que l’Autorité palestinienne n’en reprenne le contrôle.

Prêt à organiser des élections « l’année prochaine »

« L’État de Palestine assumera ses responsabilités dans la bande de Gaza », a affirmé Mahmoud Abbas, dirigeant de l’Autorité palestinienne (âgé de 89 ans), devant la Ligue arabe. Il s’est dit prêt à organiser des élections présidentielles et législatives dès « l’année prochaine » dans les territoires palestiniens, « à condition que les conditions soient réunies ». Le Hamas a, quant à lui, « salué le plan de reconstruction de Gaza adopté dans la déclaration finale du sommet », dans un communiqué. Le mouvement palestinien a également annoncé son « soutien à la formation d’un comité (…) pour superviser les efforts de secours, la reconstruction et la gouvernance à Gaza ».

Le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi a profité du sommet pour déclarer qu’il garantirait le maintien des 2,4 millions d’habitants de Gaza sur leur terre. Une réponse au projet de Donald Trump qui plaide pour l’expulsion des Palestiniens vers l’Égypte et la Jordanie, afin d’avoir le champ libre pour son projet colonial. Abdel-Fattah al-Sissi n’a toutefois pas directement critiqué le plan de Donald Trump. Le président égyptien a, au contraire, tenté de maintenir des rapports cordiaux avec le locataire de la Maison Blanche, en affirmant qu’il le pense « capable de parvenir à la paix » au Proche-Orient.

Ce sommet s’est tenu alors que le cessez-le-feu négocié entre Israël et le Hamas, entré en vigueur le 19 janvier dernier, n’a jamais paru aussi fragile. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, réclame de son côté la « démilitarisation totale » de Gaza. Sans quoi il menace d’isoler de nouveau le territoire meurtri et d’y reprendre son entreprise génocidaire. Le Hamas, lui, insiste pour y rester et dénonce les manœuvres de Tel-Aviv afin de ne pas lancer la seconde phase de l’accord.

Il n’est donc guère étonnant de voir Israël rejeter le plan présenté par l’Égypte. Le gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou a ainsi rappelé son intention d’éliminer le Hamas et de n’accorder aucun crédit politique à l’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie occupée, dans la bande de Gaza. Sur X, la diplomatie israélienne a ainsi accusé cette dernière d’avoir démontré « de manière répétée sa corruption, son soutien au terrorisme et son échec à régler la question ». Elle a aussi reproché aux pays arabes de « rejeter l’opportunité (le plan des États-Unis) sans lui donner une chance équitable et de continuer de proférer des accusations sans fondement contre Israël ».

L’Égypte projette néanmoins de poursuivre dans la voie tracée par la Ligue arabe. Le Caire va ainsi chercher à obtenir le soutien des nations musulmanes lors d’un sommet d’urgence de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), prévu vendredi 7 mars à Djedda, en Arabie saoudite, a annoncé Badr Abdelatty, le chef de la diplomatie égyptienne.

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