« Cette décision a été prise pour mettre les intérêts de l’Amérique en premier » : Washington cesse des livraisons d’armes à l’Ukraine pour renflouer ses stocks

La Russie a beau multiplier les bombardements, les États-Unis ont décidé de réduire leur aide matérielle à destination de l’Ukraine. L’annonce a été réalisée mardi 1er juillet : Washington va cesser de livrer plusieurs types d’armes à Kiev. L’administration Trump justifie ce recul par son inquiétude de voir ses propres stocks de munitions faiblir. Anna Kelly, la porte-parole adjointe de la Maison Blanche chargée de l’annonce, n’a pas donné plus de précisions sur les armes concernées.

Mais, selon les informations du média spécialisé Politico, cet arrêt des livraisons pour Kiev concerne notamment les systèmes de défense aérienne Patriot, l’artillerie de précision et les missiles Hellfire. Cette décision fait suite, selon plusieurs médias états-uniens, à des inquiétudes du Pentagone quant aux réserves de l’armée américaine, sur lesquelles est directement prélevée l’aide militaire à l’Ukraine. « Ces munitions sont un mélange de défense aérienne et d’armes de précision, acheminées vers l’Ukraine depuis plus de deux ans, résume Politico. Elles comprennent deux sources de soutien distinctes fournies par les États-Unis à l’Ukraine, toutes deux sous l’administration Biden. »

5 438 drones d’attaque envoyés sur l’Ukraine en juin

Elle intervient au moment où, après deux séances de négociations infructueuses à Istanbul entre délégations des deux pays, l’Ukraine continue de subir les attaques aériennes quotidiennes de la Russie, dont la stratégie consiste à asseoir sa domination sur plusieurs territoires et, ainsi, conserver une position de force. Le nombre de drones longue portée lancés par la Russie a ainsi connu une hausse de 36,8 % sur le mois de juin.

Selon les chiffres de l’armée ukrainienne, la Russie a envoyé 5 438 drones d’attaque longue portée contre son territoire en juin — le nombre le plus élevé depuis février 2022 — contre 3 974 en mai. Il s’agit des drones envoyés de nuit et comptabilisés chaque matin par Kiev. Ces chiffres n’incluent pas les attaques d’autres types de drones utilisés massivement sur le front.

Ces bombardements mettent à rude épreuve les défenses antiaériennes et une population civile épuisée après bientôt trois ans et demi d’invasion russe. De nouvelles attaques ont été rapportées mercredi à l’aube par les autorités ukrainiennes, dont une menée avec des drones contre une ferme du village de Borivske, dans la région de Kharkiv, qui a fait un mort et un blessé. Deux autres attaques dans la même région ont fait des dégâts matériels, mais pas de victime.

Jusqu’à présent et malgré la relation conflictuelle avec Kiev, l’administration Trump poursuivait, au moins partiellement, l’aide militaire initiée sous Joe Biden. Sous le mandat de ce dernier, les États-Unis ont fourni pour plus de 60 milliards de dollars d’aide militaire à Kiev. « Si cette réduction de l’aide américaine ne provoquera pas l’effondrement des lignes ukrainiennes, elle nuira gravement à la défense de l’Ukraine, en particulier à ses capacités en matière de missiles antibalistiques et de frappes de précision », a estimé John Hardie, spécialiste de la Russie à la Foundation for Defense of Democracies (FDD), un institut indépendant basé à Washington.

Ancien ambassadeur des États-Unis en Russie (2012-2014), Michael McFaul, a fustigé cette décision : « L’administration Trump arrête même la livraison de (missiles) Patriotes ? Tellement dégoûtant et embarrassant pour le « leader du monde libre » », a-t-il déclaré sur X. « Cette décision a été prise pour mettre les intérêts de l’Amérique en premier », a assumé Anna Kelly, dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP).

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