Guerre en Ukraine : ce qu’Emmanuel Macron et Vladimir Poutine se sont dits pendant leur entretien, le premier depuis 2022

Après 40 mois de guerre en Ukraine et l’effacement de la diplomatie au profit des combats, les présidents français et russe ont échangé ce mardi, pour la première fois depuis septembre 2022. Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont échangé sur un possible accord de paix et un cessez-le-feu.

Pour l’Élysée, la conversation téléphonique a permis au dirigeant français d’affirmer « le soutien indéfectible de la France à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine ». Emmanuel Macron a « appelé à l’établissement, dans les meilleurs délais, d’un cessez-le-feu et au lancement de négociations entre l’Ukraine et la Russie pour un règlement solide et durable du conflit ».

Le président russe l’a prévenu que tout accord de paix en Ukraine devait s’inscrire sur « le long terme », a précisé le Kremlin. Pour Vladimir Poutine, le conflit ukrainien est « une conséquence directe de la politique des États occidentaux ». Selon l’agence de presse russe, Tass, le dirigeant russe a souligné que « l’Occident crée une tête de pont anti-russe en Ukraine depuis de nombreuses années, et maintenant prolonge les hostilités » et que « le règlement en Ukraine doit être global, il est nécessaire d’éliminer ses causes profondes, de s’appuyer sur les réalités sur le terrain ».

Le programme nucléaire iranien abordé

Cet entretien a surtout été marqué par les tensions au Moyen-Orient. Les deux chefs d’État ont préconisé de résoudre les conflits au Moyen-Orient par la diplomatie car la Fédération de Russie et la France « en tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies » ont un rôle clef « dans le maintien de la paix et de la sécurité » a indiqué l’agence Tass. Les présidents ont discuté du conflit Iran-Israël et des frappes américaines.

Si Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont souligné « l’importance de respecter le droit de l’Iran à un atome pacifique et son respect des obligations du TNP, y compris la coopération avec l’AIEA », ils ont affirmé une volonté commune de coordonner leurs actions sur le programme nucléaire iranien afin de mieux l’encadrer.

Cette conversation marque une volonté d’Emmanuel Macron de sortir de l’impasse diplomatique sur l’Ukraine. Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, la Russie dispose de nouvelles marges de manœuvre. Après le sommet de l’Otan et le G7, « Le message des États-Unis à l’Europe est : soit vous faites la paix, soit vous faites la guerre », analyse Jean de Gliniasty.

La guerre en Ukraine qui a dominé les dernières réunions des 32 membres de l’Alliance atlantique a été moins présente à La Haye. Washington se concentre davantage sur le Moyen-Orient. Dans le document final rédigé à l’issue du sommet, les États membres « réaffirment leur engagement souverain et durable à soutenir l’Ukraine, dont la sécurité contribue à la nôtre », sans toutefois condamner directement la Russie ou mentionner l’adhésion de Kiev. Le texte inclut uniquement une ligne distincte sur « la menace à long terme que représente la Russie pour la sécurité euroatlantique ».

« En près de quatre semaines, la question ukrainienne a disparu des radars. Plus personne n’évoque les négociations ni un « cessez-le-feu immédiat ». D’une certaine façon, la lenteur russe favorise ce lent engourdissement de l’intérêt. Pas de grande bataille, rien qu’un long étranglement qui endort les esprits », pointe Olivier Kempf dans son dernier bilan sur le site la Vigie.

La diplomatie reléguée au second plan

Depuis plusieurs semaines, la Russie juge que la situation sur le terrain déterminera l’issue des pourparlers de paix. L’armée a multiplié les attaques aériennes de manière quotidienne sur l’ensemble du territoire ukrainien. Dimanche 29 juin, l’armée de l’air a déclaré que Moscou avait lancé 537 drones et missiles durant la nuit, soit le nombre le plus élevé enregistré jusqu’à présent depuis l’invasion, le 24 février 2022. Ces tirs ont pilonné Odessa, Kiev, Kharkiv, Dnipro et même l’ouest du pays relativement épargné ces trois dernières années. Ces opérations mettent à rude épreuve les défenses antiaériennes et une population civile épuisée.

Des drones ukrainiens visent également en profondeur des villes et installations russes. Ce mardi 1er juillet, une attaque a été réalisée en plein jour et a fait trois morts, à Ijevsk, qui se trouve à 1 000 kilomètres de la frontière. « Des drones du SBU », les services de sécurité ukrainiens, « ont touché l’usine Koupol qui fabrique des systèmes de défense antiaériens Tor et Osa, ainsi que des drones pour l’armée russe », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire ukrainienne, sous couvert d’anonymat.

« Ces dernières semaines, les deux rounds de négociations directes à Istanbul entre des délégations russes et ukrainiennes ont abouti sur des échanges de prisonniers. Chacun campe sur ses positions. Personne ne semble motivée pour une paix immédiate », note un diplomate. Sur le terrain, l’armée russe continue son grignotage dans la région de Donetsk, autour de Pokrovsk et Toretsk.

Les combats s’intensifient aussi dans la région de Dnipropetrovsk et autour de la ville de Soumy. Le Washington Post révèle que 50 000 troupes russes se trouveraient autour de l’agglomération. Une nouvelle bataille comme celle de Bakhmout pourrait s’enclencher. La stratégie de créer une zone tampon entre la région de Kharkiv et la frontière russe apparaît se poursuivre. « Pour résumer la situation, les Russes poursuivent leur pression sur tous les fronts, de façon à épuiser les défenses ukrainiennes et leurs réserves. Ce lent étouffement donne des résultats pas forcément significatifs, même si les Russes ont presque atteint les limites de l’oblast de Donetsk au sud et mettent en place leur manœuvre pour la partie nord. C’est lent, méthodique, peu brillant, très loin du style occidental de la guerre qui adore la bataille, mais c’est efficace », analyse le général Olivier Kempf.

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