« Par populisme, Gérald Darmanin mise tout sur le répressif » : les conseillers d’insertion et de probation refusent le « tout-carcéral » de leur ministre
Ils se battent au quotidien « pour une justice digne, humaine et apaisée », c’est-à-dire contre la « politique ultrasécuritaire » incarnée par les ministres Bruno Retailleau et Gérald Darmanin. Une vingtaine de rassemblements étaient organisés dans toute la France, mardi 17 juin, par les personnels des services d’insertion et de probation, à l’initiative des syndicats CGT et Snepap-FSU.
« Quartiers de haute sécurité, création d’une police pénitentiaire, suppression des activités en détention, peines planchers… Malgré une surpopulation carcérale record, toutes les annonces de Gérald Darmanin vont dans un seul sens, celui de la répression, au détriment de ce qui fonctionne vraiment contre la récidive : la réinsertion », déplore Eneko Etcheverry, cosecrétaire national de la CGT insertion et probation.
« Une surenchère permanente de propositions populistes »
Devant le tribunal judiciaire de Paris, mardi matin, ils étaient une bonne cinquantaine à s’être rassemblés, drapeaux en main. « Sur le terrain, on manque terriblement de moyens, mais on a en plus l’impression de lutter contre notre propre ministre, qui est dans une surenchère permanente de propositions populistes », appuie Kenji Pham-huu, coordinateur régional pour le 93 de la CGT insertion et probation.
Des mesures « flattant les bas instincts » ou « répondant aux pressions de l’extrême droite », comme celle interdisant les activités ludiques en détention (cassée par le Conseil d’État en mai dernier) ou celle instaurant une participation des détenus à leurs frais d’incarcération, approuvée lundi soir en commission des lois, à l’Assemblée. « Comment justifier une telle disposition, alors que la France est régulièrement condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour ses conditions de détention indignes ? » interroge Cyrine El Ajmi, secrétaire régionale Île-de-France du Snepap-FSU.
La détention seule conduit « à plus de 60 % de récidive »
Tous rappellent combien cette obsession répressive conduit à l’échec. « Le ministre veut supprimer les sursis, mais c’est ce qui permet de limiter la récidive à 30 % dans les cinq ans après la sortie, avance Eneko Etcheverry, quand la détention seule conduit à plus de 60 % de récidive. »
Une critique également portée par la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, dans un courrier aux députés saisis d’un texte sur les peines planchers. « Ces peines n’ont pas démontré d’effet significatif sur la baisse de la récidive » et « au contraire, (…) ralentir l’accès à des aménagements de peine est porteur de risques de réitération », prévient-elle. En vain. Les députés ont approuvé ce texte en commission et il sera soumis au vote lors de la niche parlementaire du groupe UDR (ciottistes) le 26 juin prochain.
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