CARTE. Frappes américaines en Iran : quels sont les sites nucléaires touchés par les Etats-Unis ?

Fordo, Natanz et Ispahan. Ces trois noms sont désormais au cœur d'une escalade sans précédent entre les Etats-Unis et l'Iran. Depuis la Maison Blanche, samedi 21 juin, Donald Trump a revendiqué une opération militaire d'une ampleur inédite contre des installations nucléaires iraniennes. "Nous avons mené à bien une attaque très réussie sur trois sites nucléaires clés en Iran : Fordo, Natanz et Ispahan", a-t-il déclaré. Le président américain affirme que les installations ont été "complètement et totalement détruites".

C'est la première fois depuis le début du conflit entre Israël et l'Iran que Washington frappe directement le territoire iranien. Les cibles visées, hautement protégées par le régime des mollahs, incarnent chacune une pièce clé du programme nucléaire iranien.

Fordo, une forteresse à 80 mètres sous le sol

C'est sur le site de Fordo, situé à environ 100 km au sud-ouest de Téhéran et enterré dans les entrailles d'une montagne, que l'aviation américaine a concentré une partie de ses moyens. Sur ce site enfoui en profondeur, il s'agit de percer 80 mètres de roche. La localisation de l'usine rend donc très difficile la destruction de l'installation depuis les airs, souligne CNN. Le New York Times explique, de son côté, qu'il faut non seulement des bombes ultra-puissantes, mais aussi les faire exploser au même endroit à plusieurs reprises pour avoir une chance d'endommager la structure.

Les trois sites nucléaires visés par les bombardements américains apparaissent en jaune sur cette carte de l'Iran. (YILMAZ YUCEL / ANADOLU / AFP)
Les trois sites nucléaires visés par les bombardements américains apparaissent en jaune sur cette carte de l'Iran. (YILMAZ YUCEL / ANADOLU / AFP)

Selon PBS News, Fordo ne peut ainsi être touché que par des bombes dites "anti-bunker" telles que les GBU-57 de 13 tonnes. D'après l'armée de l'air américaine, ces munitions ne peuvent être larguées que par certains de ses bombardiers, rappelle la chaîne. Sur les réseaux sociaux, Donald Trump a fait savoir qu'une "pleine charge de bombes" avait été lancée sur Fordo, sans en préciser la nature.

Construite en violation des résolutions de l'ONU, inaugurée en secret dans les années 2000, puis révélée en 2009 par les services de renseignement français et britannique, l'usine est considérée comme le site nucléaire le plus protégé d'Iran. Il accueille aussi le plus grand programme d'enrichissement iranien avec environ 2 700 centrifugeuses, selon les derniers rapports de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), rapportés par CNN. L'Iran y produit également de l'uranium enrichi à 60%. Début 2023, des particules enrichies à 83,7% avaient été détectées sur le site, rapporte l'AFP. L'Iran avait alors invoqué des "fluctuations involontaires" au cours du processus d'enrichissement.

Natanz, le plus grand centre d'enrichissement d'uranium iranien

Deuxième cible : le plus grand centre d'enrichissement d'uranium iranien, appelé complexe de Natanz et situé à environ 220 km au sud-est de Téhéran. En service depuis 2003, le site comprend deux niveaux : des installations en surface et un réseau souterrain. Ces sous-sols abritent des centrifugeuses capables d'enrichir de l'uranium jusqu'à 60%.

Une image satellite montre le site nucléaire de Natanz, le 14 juin 2025, après des frappes israéliennes. (SATELLITE IMAGE 2025 MAXAR TECH / AFP)
Une image satellite montre le site nucléaire de Natanz, le 14 juin 2025, après des frappes israéliennes. (SATELLITE IMAGE 2025 MAXAR TECH / AFP)

Sur les sites nucléaires de Natanz et de Fordo, Téhéran a progressivement relevé son taux d'enrichissement d'uranium, dépassant le seuil de 3,67% fixé par l'accord de 2015, pour atteindre 5%, puis 20% en 2021, et enfin 60%, un niveau proche des 90 % nécessaires à la fabrication d'une bombe atomique, rapporte l'AFP.

Depuis le 13 juin, le principal site de production d'uranium enrichi en Iran avait déjà été visé à plusieurs reprises par Israël, ce qui avait coupé l'alimentation électrique et détruit plusieurs installations en surface. Les frappes américaines visaient, cette fois-ci, à paralyser durablement la capacité du site à enrichir de l'uranium pour un futur usage militaire, explique le New York Times. 

Ispahan, le laboratoire stratégique de l'Iran

Enfin, les frappes américaines ont visé le plus grand centre de recherche iranien, situé à l'extérieur de la ville d'Ispahan, ancienne capitale impériale au sud de Téhéran. Ce complexe abrite notamment trois réacteurs de recherche d'origine chinoise et plusieurs laboratoires, selon l'organisation Nuclear Threat Initiative (NTI). 

Ispahan accueille également une usine de conversion de l'uranium, étape indispensable pour transformer l'élément radioactif en gaz, puis en combustible, afin qu'il soit utilisable dans une arme, explique PBS.

Cette image satellite montre le site d'Ispahan, le 14 juin 2025, après des frappes israéliennes. (SATELLITE IMAGE 2025 MAXAR TECH / AFP)
Cette image satellite montre le site d'Ispahan, le 14 juin 2025, après des frappes israéliennes. (SATELLITE IMAGE 2025 MAXAR TECH / AFP)

 

Ce site héberge ainsi des stocks de combustible nucléaire enrichi à un niveau proche de celui requis pour une arme, rapporte le New York Times, ajoutant que, si cet approvisionnement a été touché, cela pourrait retarder le programme nucléaire iranien de plusieurs années.

Le site d'Ispahan avait également été pris pour cible par l'armée israélienne, lors de premières attaques le 13 juin. Samedi, de nouvelles frappes israéliennes ont encore visé le site juste avant l'intervention américaine, rapporte The Times of Israel