Conférence internationale sur la Syrie : Macron propose à Damas de s'associer à la lutte contre l'EI
Emmanuel Macron a appelé, jeudi 13 février, les autorités de transition en Syrie à s'associer à la lutte contre le groupe État islamique, toujours actif dans ce pays clé du Moyen-Orient, libéré du joug du clan Assad depuis le 8 décembre
"La lutte contre Daech (acronyme arabe de l'organisation État islamique, EI) est une priorité absolue", a déclaré le président français en clôture de l'évènement diplomatique, organisé dans le 15e arrondissement de Paris.
"À ce titre, avoir un partenariat étroit avec la coalition [internationale] Inherent Resolve est une très bonne idée", a-t-il suggéré, en appelant aussi tous les partenaires de cette coalition à "réévaluer leur posture".
Les Occidentaux, les États-Unis en tête, continuent dans le cadre de cette opération à frapper l'organisation État islamique, défaite en 2019 mais constituant toujours une menace en Irak et en Syrie.
Soutenir la Syrie dans la lutte contre les "groupes terroristes"
"Si la Syrie décidait une proposition de coopération, la France le regarderait avec plus que de la bienveillance, de l'engagement", a souligné le chef de l'État.
"On n'a pas seulement à vous dire 'battez-vous contre ces groupes terroristes'. On est prêt à le faire à vos côtés et de le faire peut-être encore même davantage, donc allons-y !", a poursuivi Emmanuel Macron.
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"L'objectif prioritaire, c'est la sécurité, c'est faire en sorte que la Syrie ne redevienne pas une plateforme logistique pour les milices liées à l'Iran et qui participent de son agenda de déstabilisation régionale", a-t-il encore pointé.
"La Syrie doit très clairement continuer de se battre contre toutes les organisations terroristes qui sèment le chaos dans votre pays et qui veulent l'exporter", a-t-il martelé.
"Nous sommes prêts, a poursuivi le président français, à des actions conjointes respectueuses de la souveraineté syrienne pour lutter contre les groupes terroristes (...) et en particulier aider à protéger le Liban et le Sud-Liban du retour des armes et des coopérations". Il a évoqué le Hezbollah pro-iranien lors de son intervention.
Le président français a aussi appelé le nouveau dirigeant syrien par intérim, Ahmed al-Charaa, et son gouvernement à pleinement intégrer les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et alliés des Occidentaux dans la lutte contre l'EI, dans le processus de transition à venir.
"Votre responsabilité aujourd'hui est de les intégrer (..) dans le même objectif, lutter contre les groupes terroristes qui vous déstabilisent", a-t-il ajouté. "Tout ce que nous pouvons faire pour aider à cela, au service de votre sécurité et celle des voisins, nous le ferons", a-t-il affirmé.
Les nouvelles autorités syriennes réclament que les FDS soient intégrées aux forces armées nationales. Selon Ahmed al-Charaa, les FDS sont d'accord sur le principe mais les modalités font encore l'objet de négociations
Le président français a réitéré en outre l'appel des Occidentaux à "une gouvernance représentative et respectueuse de tous", alors que la Syrie a annoncé qu'elle se doterait le 1er mars d'un gouvernement reflétant "la diversité" du peuple syrien, pour succéder à l'actuelle direction intérimaire mise en place à la chute de Bachar al-Assad.
"Levée rapide" des sanctions
L'Union européenne travaille à une "levée rapide" des sanctions économiques dans différents secteurs d'activité en Syrie, a annoncé de son côté, un peu plus tôt, Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, alors que la reconstruction du pays a été estimée à plus de 400 milliards de dollars par l'ONU.
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"Nous travaillons avec mes homologues européens à engager une levée rapide des sanctions sectorielles économiques", a déclaré le chef de la diplomatie française, en présence de son homologue syrien, Assaad Hassan el Chibani, nommé après la prise du pouvoir à Damas par les anciens rebelles islamistes de Hayat Tahrir el Cham (HTS) début décembre. Il s'agissait de son premier déplacement au sein de l'Union européenne.
Des puissances régionales, dont l'Arabie saoudite et la Turquie, ont participé à la conférence, de même que la plupart des pays occidentaux, même si les États-Unis n'ont envoyé qu'une délégation de second rang.
La réunion visait à coordonner le soutien international au processus de transition en Syrie et à mobiliser les pays susceptibles d'apporter une aide humanitaire et un soutien économique. La France s'est engagée à une aide de 50 millions d'euros.
Avec AFP et Reuters