L'ex-président syrien Bachar al-Assad visé par un mandat d'arrêt français pour la mort de journalistes en 2012
Sept mandats d'arrêt ont été délivrés en août par la justice française à l'encontre d'ex-hauts dignitaires du régime syrien, dont l'ex-président Bachar al-Assad, pour le bombardement en 2012 d'un centre de presse à Homs dans lequel deux journalistes ont été tués, ont annoncé mardi 2 septembre des avocats des parties civiles. Une information confirmée de source judiciaire à franceinfo. Depuis la chute de son régime en décembre 2024, l'ancien chef de l'Etat s'est exilé en Russie.
Le 22 février 2012, lorsque le bâtiment avait essuyé de premiers tirs, les journalistes qui s'y trouvaient avaient décidé de sortir. Les deux premiers à franchir la porte, la journaliste américaine du Sunday Times Marie Colvin, 56 ans, et le photographe free-lance français Rémi Ochlik, 28 ans, avaient été tués par un obus de mortier, tandis qu'à l'intérieur, la reporter française Edith Bouvier, le photographe britannique Paul Conroy et leur traducteur syrien Wael al-Omar avaient été blessés.
"Après 13 ans d'enquête, les juges d'instruction du Pôle crimes contre l'humanité du tribunal judiciaire de Paris ont délivré des mandats d'arrêt à l'encontre de sept anciens hauts gradés syriens pour complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", ont expliqué des avocats dans un communiqué transmis par la Fédération internationale des droits humains (FIDH). "L'émission de ces sept mandats d'arrêt constitue une étape décisive qui ouvre la voie à un procès en France", a souligné Clémence Bectarte, avocate des parents de Rémi Ochlik, de la FIDH et du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression.
Un autre mandat d'arrêt requis
Les autres mandats d'arrêt visent notamment Maher al-Assad, frère du président déchu et chef de facto de la 4e division blindée syrienne au moment des faits; Ali Mamlouk, alors directeur des renseignements généraux syriens; Ali Ayoub, chef d'état-major de l'armée syrienne au moment des faits, et Rafik Shahada, alors chef du comité militaire et sécuritaire de Homs.
Fin juillet, la justice française avait annulé un mandat d'arrêt émis en novembre 2023 par deux juges d'instruction parisiens contre l'ancien chef de l'Etat pour les attaques chimiques mortelles en Syrie en 2013. La Cour de cassation avait justifié cette décision au motif que qu'il n'existe pas d'exception à l'immunité personnelle des chefs d'Etat en exercice en raison de la souveraineté des Etats. Ce mandat d'arrêt, avait en effet été délivré alors que Bachar al-Assad était toujours à la tête de la Syrie.
Dans la foulée, le parquet national antiterroriste (Pnat) avait annoncé avoir requis dès "la délivrance d'un mandat d'arrêt et sa diffusion internationale des chefs de complicité de crimes contre l'humanité et complicité de crimes de guerre à l'encontre de Bachar al-Assad".