La responsabilité de l’État n’est pas retenue dans l’affaire du féminicide de Sofya Rudeshko

Près de quatre ans après que Sofya Rudeshko a été étranglée par son ancien compagnon à son domicile de Pau (Pyrénées-Atlantiques), la justice française a blanchi l’État de toute responsabilité en estimant qu’aucune faute n’avait été commise. Le jugement du tribunal judiciaire du Paris du 9 juillet, consulté par le site d’investigation Les Jours, a estimé que la prise en charge était « adaptée ». Les parents de Sofya Rudeshko sont également condamnés à payer 871 euros à l’État, au titre des frais de procédure.

Cette décision fait suite à l’action en justice menée par les parents de la femme de 34 ans demandant que l’État soit condamné pour faute lourde. « C’est juste délirant » estime le père, Philippe Proux, alors que « les parents réfléchissent à faire appel de la décision », révèle le média.

Pour cause : après que la jeune femme a tenté d’alerter les services de police sans succès, son ancien compagnon Christophe Bernadet égorgeait Sofya Rudeshko dans la nuit du 22 au 23 octobre 2021, avant de chuter du balcon de la défunte.

« On n’est pas du tout protégées »

Avant même que Sofya Rudeshko ne se rende au commissariat, elle avait tenté, jeudi 21 octobre 2021, d’appeler le commissariat de Pau pendant quatre minutes et deux secondes, sans que personne ne réponde. Le tribunal judiciaire estime en premier lieu que cette absence de réponse ne constitue pas une faute imputable aux services de police parce que le 17 n’a pas été composé, arguant également « une activité soutenue d’appels ce matin-là doublée d’une forte affluence à l’accueil du commissariat ».

Trente-six heures avant sa mort, un agent du commissariat avait refusé de prendre la plainte de la femme de 34 ans, alors que cette dernière tentait de signaler le harcèlement qu’elle subissait de la part de Christophe Bernadet. Le jugement indique qu’elle aurait été orientée vers « une policière spécialisée dans les faits de harcèlement ». Une version contredite par ses parents. Personne ne lui aurait formellement fixé de rendez-vous, elle aurait simplement été invitée à revenir le lendemain. D’autant que Sofya Rudeshko a déclaré à une amie le lendemain via un vocal qui avait été dévoilé par Les Jours : « Je me suis fait chier à attendre deux heures et demie pour qu’ils me disent : « Vous voyez, on a trop de monde, on ne va pas le faire maintenant. » Mais on n’est pas du tout protégées dans ce putain de pays ! »

Et puisqu’elle n’est pas retournée le lendemain, le tribunal estime que « la faute du service public de la justice avant le crime n’est pas démontrée ». Les autres griefs ont également été rejetés, comme le fait que la police et les secours mettent quarante-cinq minutes à intervenir dans l’appartement. Plus d’une semaine avant ces révélations, une lettre ouverte de plusieurs associations et organisations féministes appelait François Bayrou à ne pas « sacrifier les femmes sur l’autel de l’austérité » et à mettre en œuvre les moyens nécessaires à l’accompagnement des victimes.

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